Communiqué du 18 septembre 2007

 

Francophonie : le dérapage de Xavier Darcos et le protocole de Londres

 

Albert Salon,
Ancien Ambassadeur, président de la section française du Forum francophone international, président d’ « Avenir de la langue française ».

 

 

  • Lettre adressée par Albert Salon aux parlementaires

Monsieur le Secrétaire Général de la Francophonie, Madame la Sénatrice, Messieurs les Sénateurs, Messieurs les Députés, Messieurs les Conseillers

Vous avez été, comme nos associations, au moins gêné par les récentes déclarations du Ministre Xavier Darcos sur la nécessité de rendre la France bilingue.

Vous avez immédiatement perçu l’ampleur des interrogations soulevées en France, dans toute la Francophonie, et ailleurs dans le monde

Vous avez peut-être envisagé de saisir aussitôt Monsieur le Président de la République, et de le prier d’apporter publiquement des nuances – pour le moins – aux déclarations de son Ministre de l’Education Nationale.

Nous vous recommandons de lire ci-après une analyse qui nous paraît très juste, parue hier sur le site de l'OEP (Observatoire européen du plurilinguisme).

Elle vous permet d’appuyer vos démarches en retrouvant immédiatement les contradictions entre les déclarations de M. Darcos et les engagements fermes – cités - pris par le Président de la République au cours de sa campagne.

 

Tous les mouvements et associations qui avaient accueilli avec faveur et espoir les engagements pertinents de M. Nicolas Sarkozy sont d’autant plus perplexes à la lecture des propos de M. Xavier Darcos - qui fut, dans un gouvernement précédent, Ministre de la Coopération et de la Francophonie – qu’ils font le rapprochement avec :

- la volonté de son gouvernement, affichée dès le début de l’été, de ratifier le Protocole de Londres sur les brevets européens, à la fois funeste pour notre langue et, de surcroît, non vraiment bénéfique pour notre économie et la compétitivité de notre recherche et de nos entreprises, au point qu’il nous paraît nécessaire de surseoir jusqu’au printemps 2008 au débat parlementaire sur cette ratification qui attend depuis 7 ans et n’a rien de vraiment urgent au regard des vrais enjeux, afin de permettre la mise au point de solutions raisonnables ;

- le retard apporté aux démarches nécessaires et urgentes auprès du Comité International Olympique afin d’affirmer la place du français langue de l’olympisme lors des importants Jeux de 2008 à Pékin ;

- l’apparente insuffisance de prise en considération du caractère international, multilatéral francophone, de la chaîne de télévision TV5 dans la légitime refonte des instruments de la politique audiovisuelle extérieure de la France ;

- ce qui ressemble moins à un report ou à changement de lieu qu’à une mise en cause dans la création à Paris de la grande Maison de la Francophonie , promise par la France lors du Sommet francophone de 2002 à Beyrouth, puis lors des deux Sommets suivants ;

- et le silence de l’administration sur un aspect - occulté par les media – de l’affaire des irradiés d’Epinal et d’autres hôpitaux du pays : le fait que la « mauvaise maîtrise des appareils par le personnel » ait été due au moins pour partie au refus de traduire les logiciels et notices d’utilisation qui étaient uniquement en anglais ; la presse allemande, elle, s’est montrée moins discrète sur les faits analogues qui se sont produits récemment dans des hôpitaux allemands, et a souligné que l’unilinguisme, en l’occurrence le « tout-anglais » tue.

 

Veuillez agréer l’expression de notre espoir et de toute notre considération.

 

Autre réaction : Henri Fouquereau, Forum pour la France

Défense de la langue française et du rugby
 

Nous avons été témoins de la manifestation de dignité de Monsieur Alain Chabal (photo), membre de l'équipe de France de rugby, refusant de répondre en anglais à une question d'un journaliste, et déclarant qu'en France, on parle français.

Ainsi un sportif de haut niveau se fait spontanément le porte-parole de la majorité silencieuse, celle qui ne veut pas que notre langue meure, celle qui veut que la France continue.

Puissent nos responsables politiques suivre son exemple, et éviter de mettre la main à l'acte insensé que serait la ratification du Protocole de Londres sur les brevets d'invention. Le pays, dans ses profondeurs, ignore encore qu'on veut lui arracher sa langue, dans des domaines cruciaux, de plus en plus étendus, et cela alors même que le défaut de notices techniques peut tuer, comme à l'hôpital d'Epinal.

Ce texte est inacceptable, et les représentants de la Nation ne doivent pas le voter. Ils encourraient une terrible responsabilité devant l'Histoire.
 


Brevets traduits ou non en français :
un vote à l'Assemblée
Le 26 septembre

Le collectif "pour Le droit de travailler en français en France" a alerté vendredi sur la mise au vote Le 26 septembre à l'Assemblée nationale du "protocole de Londres", un accord qui supprime l'obligation de traduire en français les brevets européens rédigés en anglais.

Le vote par l'Assemblée nationale du projet de loi autorisant la ratification de l'accord, aboutirait à un véritable "arrachage de la langue nationale", affirme Le collectif, constitué de militants syndicaux, dans un communiqué.

Signé en juin 2001 et concernant les 32 pays membres de l'Office européen Des brevets (OEB), l'accord de Londres prévoit que les brevets peuvent être déposés dans l'une Des trois langues officielles (anglais, français et allemand) et supprime l'obligation de les traduire dans chacune Des 32 langues de l'organisation.

Le texte a été adopté fin août en Conseil Des ministres.

Le collectif, ainsi qu'un certain nombre de linguistes et chercheurs estiment que cette dispense de traduction reviendrait à légaliser l'usage systématique du seul anglais pour les brevets.

"Ce Principe du renoncement à la traduction gagnera tous les autres domaines de l'activité économique, y compris Le monde du travail", avertit Le collectif qui exige "un débat public sur les conséquences culturelles, sociales et sanitaires de ce choix politique mortifère dont les irradiés d'Epinal nous permettent d'entrevoir les conséquences".

Le collectif fait référence aux accidents de radiothérapie à l'hôpital d'Epinal, où plus de 4.900 patients traités Ont été sur irradiés entre 1989 et 2006, en raison d'une série d'erreurs dans l'utilisation Des appareils.

Une députée de Moselle Marie-Jo Zimmermann (UMP) a estimé jeudi que "l'une Des causes du mauvais réglage Des appareils de médecine nucléaire serait liée à la mauvaise traduction Des notices".

Elle a demandé à la ministre de la Santé de contraindre les fabricants étrangers à fournir Des modes d'emploi en français.