25/01/2005
retour

 

La force de frappe
garante de notre indépendance.

 

  

Retour

 

Polynésie Française,
 24 août 68.

Huit ans après l’explosion atomique de Reggane (Sahara), la première bombe thermonucléaire française explose au dessous de l’atoll Fangataufa. La France qui a quitté le commandement intégré de l’Otan, veut avoir la possibilité de se défendre tous azimuts sans le truchement d’un autre protecteur. C’est le triomphe de la dissuasion du faible au fort et l’illustration du principe jamais démenti de la sagesse antique : Si vis pacem…

Pour le Général, les choses sont simples. Il ne peut y avoir d’indépendance nationale sans maîtrise totale de la Défense. Et celle-ci doit posséder l’arme suprême : le feu nucléaire, lequel ne peut et ne doit être déclenché que par le chef de l’Etat. Sous son autorité, la France construit sa force de frappe. C’est d’abord l’explosion à Reggane, dans le désert du Tanezrouft, de la première bombe atomique, le 13 février 1960. « Hourra pour la France ! Depuis ce matin, elle est plus forte et plus fière », lance de Gaulle à son Ministre des Armées, Monsieur Pierre Messmer.

C’est ensuite la mise en chantier d’un arsenal de vecteur qui rend opérationnelle la bombe atomique dès 1960. Ainsi, on commence les études d’un sous-marin nucléaire tout en mettant au point un missile balistique mer-sol (MBMS). La France possède alors ce que les militaires appellent l’arme absolue parce qu’elle est quasiment indétectable et peut donc intervenir sur toute la surface du globe. C’est dans le secret de l’arsenal de Cherbourg que se concocte le Redoutable dont le lancement a lieu en mars 1967. Ce sous-marin entre en service en 1971, un an après la disparition du Général, avec un équipement capable de déclencher l’apocalypse. 16 missiles de 2500 Km de portée, portant chacun une charge de 500 kilotonnes.

 Dissuasion tous azimuts

La Marine n’est pas la seule à maîtriser le nucléaire. L’armée de l’Air, dès 1960 aussi, lance un programme missile sol-sol-balistique-stratégique (SSBS) qui devient opérationnel en 1971. Avant cela, les aviateurs ont équipé 62 Mirage IV de bombes A de 60 kilotonnes, constituant la première « force de frappe » française.

L’armée de Terre ne viendra que plus tard à l’armement nucléaire et encore sans grande conviction, ce qui amena d’ailleurs le Général à piquer une belle colère pendant sa visite à l’Institut des hautes études de Défense national en janvier 1967. Les « terriens » considéraient, à l’époque, les engins atomiques comme de vulgaires et gros obus. « Ils n’ont rien compris » conclu le général de Gaulle.

Pour bâtir cette force frappe, le Général s’entoure d’hommes compétents, de grande moralité, tels Pierre Guillaumat, directeur du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) ; Francis Perrin, le Général Gallois ou encore de l’Estoile, Poirier et Berthoul. Ce sont ces trois derniers qui conçoivent la stratégie nucléaire basée sur la dissuasion tous azimuts. Ce dernier mot choque les Américains et quelques hommes politiques, lorsqu’il est utilisé, le 1er décembre 1967, par le chef de l’Etat-Major, le Général Ailleret. Pourtant, il n’est que l’expression d’une réalité que le général de Gaulle développera en janvier 68 devant les membres de l’Institut des hautes études militaires, en s’interrogeant sur l’avenir des gouvernements : après avoir rappelé que la dissuasion était bâtie pour les générations futures, il déclara : « Dans vingt ans, qui gouvernera les Etats-Unis et avec quel système ? Qui gouvernera l’URSS ? L’Allemagne ? Le Japon ? La Chine ? Qui peut dire ce qui se passera en Amérique du Sud et en Afrique ? » On associera pendant très longtemps la force de frappe au général de Gaulle parce qu’elle renforçait notre indépendance nationale dont il était si jaloux.