Info du 21 juin 2005
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  • Pierre Messmer : le NON, une crise salutaire.

 
  • Questions à... Pierre Messmer*
    Propos recueillis par Christophe Deloire

 

« L'Europe n'exerce plus de séduction »

 

Le Point : A l'inverse de la plupart des personnalités politiques, vous avez voté non au référendum...

 

Pierre Messmer : Je ne l'ai pas caché. En raison du conformisme, qui est devenu l'un des vices de la vie politique française, personne ne dit l'essentiel. A savoir que si le non a réuni tant de suffrages, c'est que l'Europe n'exerce plus de séduction. Ce qui fait rêver les Français, c'est l'A380, par exemple, et Bruxelles n'y est pour rien.

Les partisans du oui ont évoqué la garantie de la paix à longueur de discours, mais il n'y a plus de conflit possible. Qui croit que les Allemands peuvent encore attaquer les Français ou les Espagnols s'en prendre aux Anglais ? Les jeunes ne craignent plus la guerre, mais le chômage.

 

Le Point : La République connaît-elle une crise de régime ?

 

Pierre Messmer : Comme je suis un vieux gaulliste, j'appelle la crise de mes voeux, car la France ne change que dans ces circonstances. J'ignore ce que sera la crise, mais il faudra en passer par là.

 

Le Point: Faut-il envisager une VIe République ?

 

Pierre Messmer : Personne ne sait ce que serait une VIe République. Ceux qui en parlent proposent de revenir à un régime parlementaire comme celui de la IVe. Ce n'est pas très alléchant

 

* Grand chancelier de l'Institut de France, ancien ministre du Général de Gaulle, ancien Premier ministre de Georges Pompidou (1973-1974)