Communiqué du 01 novembre 2008

 

L'Europe et les réalités

 

Les dirigeants des principaux pays d’Europe se sont réunis le 12 Octobre 2008 à l’Elysée pour adopter un plan d’urgence quant à la crise financière qui secoue l’économie occidentale.

Le moment n’est pas venu de porter un jugement sur ce plan, nous aurons l’occasion d’y revenir. Mais il est préoccupant de constater que les sirènes habituelles ont repris leur chant éternel, la démonstration serait faite que l’Europe est nécessaire, et que chacun de nos vieux pays dépend d’elle et ne peut rien seul. Déjà se font entendre les éternels hymnes à la supranationalité que nous avons déjà si souvent entendus. Certains mots employés par le Président Français, et relatifs à l’impossibilité de se réunir à 27 à cinq heures du matin, laissent penser que Nicolas Sarkozy, accroché au Traité de Lisbonne, fait partie de ces apôtres de la supranationalité et de l’Europe fédérale, avec, de surcroit, la naïveté et l’arrogance de croire qu’il pourrait ainsi en être le Président à vie

Nous pensons, nous, que la réalité est exactement contraire. Cette crise d’octobre a montré que l’Europe utile n’a que faire d’institutions supranationales, et que son utilité se révèle lorsqu’elle se réunit autour d’un impératif réel et d’un projet commun concret exprimé par les élus des peuples qui la composent. Ce n’est ni la Commission Européenne, ni la BCE qui ont tracé les grandes lignes du projet. C’est le premier ministre Anglais. Ce ne sont ni la BCE ni la Commission qui ont organisé la rencontre, c’est le président Français.

L’Europe a parfaitement fonctionné sans institutions supranationales, et infiniment mieux que lorsque les organes centraux de Bruxelles prennent des initiatives.

Nous pensons, nous, qu’aucune mesure commune n’aurait été adoptée si une réunion s’était tenu sous l’égide des mécanismes de Bruxelles et des traités européens. Chaque pays eût alors en effet été contraint de mesurer quelles pertes de souveraineté irréversible lui était proposées, et quelles conséquences il pouvait s’ensuivre pour son avenir. L’irréversibilité est la tare fondamentale de l’Europe telle que la concevaient Monnet et R. Schuman. C’est parce que la réunion de Paris n’impliquait aucun abandon de souveraineté que la conclusion a pu être positive.

On nous demande souvent, depuis le referendum de 2005 ou est le plan B. Le voilà ; des politiques communes aux nations de l’Europe. Eventuellement, c’est le cas en l’espèce, des politiques communes contraignantes après adoption. Ces politiques communes ne naissent que sous l’empire de la nécessité et de l’urgence ?  L’Histoire nous montre qu’il en est toujours ainsi.

Etienne Tarride