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Pierre
Lellouche, le nouveau secrétaire d’État français aux affaires
européennes qui est un fervent militant de l’adhésion de la
Turquie à l’Union, est « un
de mes très bons amis » a confié le ministre turc
chargé des affaires européennes,
Egemen Bagis, à un groupe de journalistes
européens qu’il avait invités à déjeuner, à la résidence de
l’ambassadeur de Turquie (les pâtisseries turques sont une
merveille ; « C’est un
intellectuel de qualité qui comprend les implications à long
terme des problèmes ». Bagis estime que
« si Nicolas Sarkozy, qui le
connaît bien, l’a nommé à ce poste, c’est pour une bonne raison.
Je crois qu’il va influencer les autres membres du gouvernement,
qu’il va les convaincre des avantages de l’adhésion de la
Turquie et qu’ainsi le bon sens va prévaloir à la fin. Pierre
peut être un bon catalyseur ».
Les Turcs confient qu’ils ont
voté pour lui, lorsqu’il s’est présenté à la présidence de
l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, en novembre 2004, alors que
les Britanniques, eux, faisaient campagne contre son élection…
Lellouche, par ailleurs membre de la « Trilatérale », créée par
le groupe Bilderberg et le « Council on foreign relations », a
finalement été élu et a présidé cette assemblée consultative de
2004 à 2006. Un service qui créait des liens.
Au cours
de ce déjeuner, le jeune ministre (39 ans), qui fait partie de
l’aile libérale de l’AKP, a plaidé avec passion pour l’adhésion
de son pays à l’Union. « La
Turquie n’acceptera rien de moins que l’adhésion pleine et
entière. On est enceinte ou pas et si on l’est, on accouche
d’une adhésion, pas d’autre chose ». Pour lui,
« le temps travaille en faveur
de la Turquie. Aujourd’hui, elle a besoin de l’Union. Dans dix
ans, ce sera l’inverse ». Car il ne doute pas une
seconde que son pays « sera
complètement différent dans dix ans comme il l’est aujourd’hui
par rapport à ce qu’il était il y a dix ans ». Et
d'énumérer la liste impressionnante des réformes adoptées par
les différents gouvernements (de l’abolition de la peine de mort
à la reconnaissance des droits des minorités en passant par
l’égalité homme/femme, etc.) pour se mettre au diapason des
normes européennes : « nous
faisons les réformes, car nous croyons qu’il est bon que la
Turquie vive selon les standards démocratiques et économiques de
l’Union ». Il rappelle que le projet de la Turquie
moderne, née de la volonté d’Atatürk, était de transformer son
pays en un « État
occidental, démocratique, civilisé ».
Pour
Egemen Bagis, la Turquie a des chances d’être prête à adhérer
entre 2014 et 2019, même s’il ne veut pas donner de date trop
précise. Il ne craint, en tout cas, pas les référendums qui
auront lieu dans plusieurs pays européens pour ratifier
l’adhésion (sans doute en France) : « la
majorité des opinions publiques comprendra l’intérêt de
l’adhésion de la Turquie, j’en suis sûr ». Et
d’ironiser : « ce seront
peut-être les Turcs qui refuseront d’adhérer lors du référendum
que nous organiserons sans doute ».
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