Alors que les
uns et les autres tablent sur une saisine du Conseil constitutionnel sur
le traité européen de Lisbonne, le professeur Joel Mekhantar souligne
que « Le chef de l’État a, sans doute, un
devoir moral de saisir le Conseil constitutionnel pour avoir
l’autorisation de ratifier le Traité. Cependant, en droit, la
Constitution ne lui impose pas cette saisine. »
L’article 54 de
la Constitution dispose en effet simplement :
« Si le Conseil constitutionnel, saisi par le Président de la
République, par le Premier ministre, par le président de l’une ou
l’autre assemblée ou par soixante députés ou soixante sénateurs , a
déclaré qu’un engagement international comporte une clause contraire à
la Constitution, l’autorisation de ratifier ou d’approuver l’engagement
international en cause ne peut intervenir qu’après révision de la
Constitution. »
Dès lors, Nicolas
Sarkozy, qui entend faire au plus vite pour ratifier le traité européen,
pourrait le faire dès sa signature, le 13 décembre prochain, à moins que
soixante députés ou soixante sénateurs ne saisissent, eux, le Conseil
constitutionnel. Dans le cas contraire, le Président de la République
devrait soumettre ce traité à ratification parlementaire en application
de l’article 53 de la Constitution. « De cette façon, comme il s’y
est engagé à Lisbonne au mois d’octobre dernier, la France pourrait être
le premier État à ratifier ce traité modificatif qui est pourtant à plus
de 90 % un traité confirmatif du traité constitutionnel rejeté par le
peuple ! », s’émeut M. Mekhantar.
Autant dire, tout
compte fait des rares probables opposants, que le sort en est jeté...
M. Mekhantar a "omis" de lire l'article 88-1 de la Constitution dans
sa rédaction issue de la révision de 2005 qui dit que "la République
participe à l'Union européenne dans les conditions prévues par le traité
établissant une Constitution pour l'Europe signé le 29 octobre 2004".
Une nouvelle rédaction de tout le titre XV est prévue par cette
révision à compter de la ratification du TCE.
Sarkozy est donc condamné à "réviser
cette
révision" pour remplacer la référence obsolète au TCE
par la référence au traité de Lisbonne.
M. Mekhantar a aussi "oublié" de se renseigner là où il faut car le
projet de révision constitutionnelle est
déjà déposé pour avis devant le Conseil
d'Etat et le Conseil constitutionnel va être saisi du
traité dès le lendemain de sa signature. |