Éditorial


N° 56

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Qui aura le courage de dire Non à Sarkozy ?  

15 juillet 2008

n°26 du 23/03/2005

 

Alain KERHERVE

militant gaulliste

(Photo Scaviner)

© gaullisme.fr

 

 

La 5ème République va mal. Parmi nos "élites", certains considèrent, pour se dédouaner, que notre constitution est trop ancienne. Un demi-siècle ! Et pourtant, en comparaison avec les autres nations démocratiques, elle est encore bien jeune.

En réalité, c'est l'exercice du pouvoir par ceux qui le détiennent, ou qui aspirent à le détenir, qu'il convient de condamner. Gaullisme.fr n'a cessé, ces derniers mois, de dénoncer cette supercherie et cette dérive.

 

Le Liban, …

La visite du Président Sarkozy au Liban le 7 juin dernier en compagnie des responsables des partis politiques montre bien que l'exécutif n'est plus indépendant des structures politiques partisanes. Comme le précise sur RTL l'incurable journaliste anti-gaulliste Alain Duhamel, pour Sarkozy "c'est une façon de montrer que le leader de l'UMP, c'est lui, que l'UMP est unie derrière lui, et qu'il ne se cache pas d'être à la fois le Président de la République, donc de tous les Français, et le vrai chef de file de l'UMP qu'il reçoit régulièrement et donc qu'il emmène avec lui." Les autres, Bayrou (Modem), Buffet (PC), Baylet (PRG), Hollande (PS), Duflot (verts) n'ont servi uniquement que de faire-valoir.

Imaginons de Gaulle en visite à l'étranger venu expliquer la politique étrangère de la France flanqué du secrétaire général de l'UNR, du premier secrétaire de la SFIO, du Président des Républicains indépendants et du secrétaire du PC ! De Gaulle précisant ses relations avec les partis politiques : Le président de la République ne saurait être confondu avec aucune fraction. Il doit être l’homme de la nation tout entière, exprimer et servir le seul intérêt national.

Les partis politiques, pas plus que leurs chefs, n'ont aucune légitimité à représenter la France, notamment à l'étranger. L'expression de la politique française appartient exclusivement au Chef de l'Etat et au gouvernement qu'il a nommé.

 

Le Conseil national de l'UMP…

En compagnie du président de la commission européenne, José Manuel Barosso, et du président du parlement européen, Hans-Gert Pöttering, le show du même Président Sarkozy plaidant devant le Conseil national de l'UMP pour une Europe unie derrière le traité de Lisbonne, - traité qu'il entend imposer à tous malgré le non irlandais, suivi de celui du Président polonais et du refus de la Tchéquie - rabaisse la fonction présidentielle au niveau de la préoccupation d'un simple chef de clan. Fini le rôle fédérateur du Président de la république de tous les Français !

 

La constitution…

Et maintenant, la volonté clairement exprimée par le Chef de l'Etat de sacrifier la 5ème république sur l'autel de la "politicaillerie institutionnelle". Le projet de révision constitutionnelle est l'arme ultime du pouvoir actuel. Les députés et les Sénateurs se préparent, une fois de plus, comme pour la ratification de traité européen de Lisbonne, à passer outre la voix du peuple. En catimini, ils s'apprêtent à rompre les équilibres de la constitution gaullienne afin de mieux asseoir le pouvoir des partis politiques. La réforme de notre constitution est en phase finale. Pour surmonter les différentes positions tranchées qui se manifestent au sein de l'UMP sur les futures adhésions à l'Union européenne, notamment celle de la Turquie, un compromis bancal vient d'être accepté, compromis mettant un terme à la pratique référendaire. Il prévoit une consultation de tous les Français obligatoire pour toute nouvelle adhésion sauf si, saisi par les deux chambres du Parlement, par l'intermédiaire d'une motion adoptée à la majorité des 3/5èmes dans chaque assemblée, le président de la République choisit la voie de la ratification parlementaire. Le "régime exclusif des partis" de triste mémoire refait surface. Il est vain de prouver le contraire.

 

La trahison de François Fillon…

Lorsque Nicolas Sarkozy nomme François Fillon Premier ministre, certains pensent encore que la sensibilité gaulliste sera représentée au sein du gouvernement. Aujourd'hui, la déception est grande. François Fillon a épousé la querelle Sarkosienne : l'Europe supranationale, le retour de la France au sein de toutes les institutions de l'OTAN, la négation de la souveraineté du peuple, la destruction de la 5ème république, la condamnation du référendum comme outil démocratique. Aussi déclare-t-il au Conseil national de l'UMP, devant les représentants de l'Europe anti-nations : "Si l'Europe est mal comprise, c'est parce que l'Union n'a pas toujours su trouver les mots et les actes pour susciter une adhésion plus puissante que la somme des contestations". Une trahison.

 

 

L'obligation de réserve de Debré…

Des voix résistantes se font entendre. Leurs auteurs sont cloués au pilori par l'arrière garde de l'UMP. Pour ce qui me concerne, je ne peux que me réjouir de cette fronde. C'est le cas, depuis longtemps déjà, de Nicolas Dupont-Aignan, Président de DLR, unique parti gaulliste représenté au Parlement. C'est aussi celui de Jean-Louis Debré qui ose, sortant de sa réserve, dire "non" à la désintégration constitutionnelle. Il est des moments où la fonction ne justifie pas la lâcheté. C'est le moins que puisse faire un gaulliste fier de ses convictions.