n°26 du
23/03/2005

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gaullisme.fr
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Un
an après le "NON" français, suivi dans la foulée de celui des
Néerlandais, le débat sur l'Europe s'amplifie. Il s'invitera,
inéluctablement, dans la campagne présidentielle.
Les
combattants victorieux du NON, au sein desquels les gaullistes de
conviction ont tenu fièrement leur place, rappellent avec détermination
certaines évidences :
-
Le "NON" au projet constitutionnel n'est pas un NON à
l'Europe; il exprime un refus clair et net à cette Europe
supranationale mise en œuvre par les gouvernements, toutes tendances
confondues, qui se sont succédés depuis plus de 20 ans;
-
Ni le chef de l'État, ni le Premier ministre, ni les
membres du gouvernement institutionnellement co-responsables de la
politique déterminée par l'exécutif, ni le club UMP-PS-Verts-UDF,
n'ont tiré les leçons de l'expression démocratique de la majorité
des Françaises et des Français;
-
L'adhésion de la Turquie, qui n'a toujours pas
reconnu la réalité du génocide arménien et qui s'obstine à ne pas
accepter un autre membre de l'UE (Chypre), thème particulièrement
présent lors du débat référendaire, est entrée dans une phase
déterminante, contre l'avis encore plus largement majoritaire de nos
concitoyens;
-
L'élargissement se poursuit inexorablement, avec le
risque de plus en plus évident, de mettre en place un "machin
européen" de moins en moins gouvernable, de plus en plus
supranational, et dans lequel les Nations perdent leur souveraineté
et leur âme.
-
La banque centrale européenne joue en solo, au
détriment des Nations qui composent l'Euroland, pénalisant ainsi nos
productions face aux pays émergeants et à l'Amérique qui protège ses
industries.
A
contrario, les barons du "OUI" au projet de constitution européenne
plongés dans une hibernation de plusieurs mois, épouvantablement sonnés
qu'ils étaient par les 55% de Français qui se sont rebiffés, sortent de
leur léthargie pour, une nouvelle fois, diaboliser ce "comportement
irresponsable" débouchant sur une crise épouvantable faisant de la
France ce "mouton noir" désormais esseulé face aux autres pays-membres.
Mais, nous le constatons tous les jours, l'Europe vit. "Tout ne va pas
si mal" admet même Michel Barnier, ex ministre des affaires étrangères,
ex commissaire européen, aujourd'hui conseiller politique du président
de l'UMP, dans une rubrique publiée dans Le Monde du 30 mai
dernier. "L'UE vient d'adopter son budget pour 2007-2013, un compromis
entre l'ambition d'une politique européenne et la nécessité de remettre
de l'ordre dans les finances de l'Union…" précise-t-il. Ça transpire le
bonheur !
Mais les "ouiouistes" ne désarment pas et suggèrent deux possibilités
pour sortir de "leur crise" :
-
Refaire revoter les Français sur le même texte,
considérant ainsi que les électeurs se sont égarés, ou ont été
trompés;
-
Épurer le texte constitutionnel, sans en changer
l'orientation fédéraliste et ultralibérale, et le faire valider par
le parlement après les élections présidentielle et législatives,
sans que le peuple s'en mêle, comme le proposent, en cœur, les deux
candidats-vedettes des magazines people, Nicolas
Sarkozy et Ségolène Royal.
Ils
sont sourds aux verdicts populaires, mais pas muets ! Et
la
réalité se fait de plus en plus criante.
Le
journal Libération, peu suspect d'euroscepticisme puisqu'il était
ouvertement favorable au Oui au référendum, a publié dernièrement un
sondage d'où il ressort que :
-
98% de ceux qui ont voté "non" au référendum européen
ne le regrettent pas, tandis que 1% le regrettent,
-
89% de ceux qui ont voté "oui" au référendum européen
ne le regrettent pas, tandis que 10% le regrettent.
Si
les Français votaient aujourd'hui, le "NON" l'emporterait encore plus
largement.
Alors, il ne faut pas baisser les bras. Si le plan B n'existe pas
stricto sensu, il subsiste bien, depuis le retour aux affaires du
général de Gaulle en 1958, deux approches différentes de la construction
européenne :
-
L'une supranationale, que nous connaissons
aujourd'hui et qui a été balayée il y a un an, et
-
l'autre, à structure confédérale, prenant en compte
les spécificités des Nations, dans laquelle la souveraineté n'est
pas transférée, mais précisément déléguée dans le cadre de projets
communs auxquels les États-membres peuvent librement souscrire.
C'est à ce choix que les Français devraient être conviés, et à nul
autre.
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