Communiqué du 22 novembre 2007

 

Pour sortir de l’impasse économique et sociale

 
  • Nicolas DUPONT-AIGNAN Député Debout la République de l’Essonne, Président de DLR
    Marianne, édition du 17 novembre 2007

Six mois après l’élection présidentielle et l’espoir qui l’a accompagnée, les Français, toutes les enquêtes le montrent, broient à nouveau du noir. Pouvoir d’achat en berne, croissance désespérément « molle », déficit croissant du commerce extérieur, litanie des délocalisations, le pays malgré l’activisme tous azimuts du nouveau Président dont la popularité résiste pour le moment sur le front des sondages, s’engage inexorablement dans une douloureuse impasse économique et sociale.

La méthode Coué, consistant à nier l’inquiétude montante, ne résoudra rien. Pour trouver les voies et moyens de s’en sortir, il est important de comprendre les causes du marasme économique et social.

Trois fautes, l’une diplomatique, l’autre macroéconomique et la troisième psychologique, ont été commises par le Président grisé par sa victoire.

La première faute est diplomatique. La hausse continue de l’euro est l’une des causes importantes des difficultés économiques du pays. Il ne s’agit pas seulement ici de taux de change, mais aussi de la cherté de l’investissement, qui devient insupportable dans le contexte d’une économie ouverte à tous les vents d’une concurrence extérieure souvent déloyale. Nicolas Sarkozy l’avait d’ailleurs compris puisqu’il n’avait cessé durant sa campagne de mettre en cause la Banque Centrale européenne, de réclamer le rétablissement de la préférence communautaire et d’appeler à une autre gouvernance de la monnaie unique. Malheureusement alors qu’il avait au sommet de Bruxelles de juin toutes les cartes en mains, il a capitulé, refusant de faire du changement des statuts de la Banque Centrale européenne le préalable à tout accord européen. Il a ainsi tout cédé à l’Allemagne sur le plan institutionnel, sans rien obtenir sur le front de l’euro et du commerce international. Le résultat est là, alors que l’Union européenne demeure passive. L’euro flirte avec les 1,50 dollars (0,8 en 1999), condamnant nos industries exportatrices à la mort lente et notre tissu productif anémié à la stagnation.

La seconde faute est macroéconomique. Le Président et la majorité ont cru qu’il suffisait de défiscaliser les heures supplémentaires pour relancer l’activité. Ce qui pourrait être justifié dans une phase de rebond n’a pas de sens au moment où les commandes n’arrivent plus. De même, les mesures clientélistes votées à la va-vite en juillet n’apportent rien à la croissance. 15 milliards de recettes fiscales perdus (le coût des 35 heures), alors qu’il eût été si précieux d’utiliser cet argent pour renforcer la compétitivité des entreprises, notamment des PME !

La troisième faute est psychologique. En augmentant son salaire de 206%, au moment où beaucoup de Français réduisent leurs dépenses d’alimentation et ne savent plus comment finir le mois, le Président s’est-il rendu compte de ce qu’il faisait ? Comment appeler à l’effort collectif et s’en dispenser soi-même aussi ostensiblement ?

Que faire aujourd’hui ? La pire des choses serait d’ajouter à ces trois erreurs majeures une quatrième. La faute politique consistant à chercher un bouc émissaire, à dresser une majorité de Français contre une minorité. Si la réforme des régimes spéciaux de retraites est nécessaire, il est mensonger d’en faire l’alpha et l’oméga du redressement de la Nation.. Il faut aller au-delà et tout faire pour relancer la machine économique. La France a besoin de réformes. Mais ces réformes ne pourront réussir qu’avec l’adhésion des Français. De même elles n’auront d’effet que si l’on est capable de boucher les trous qui s’élargissent chaque jour davantage dans la coque du navire, notamment ceux du sous-investissement productif et du commerce extérieur !

Pour être constructif, je fais trois propositions simples :

1. la baisse des charges sur les heures supplémentaires n’étant pas utilisée, en raison de la complexité et de l’inadaptation de la mesure, serait transformée en une réduction des charges sociales notamment des PME de moins de 10 salariés. Cette mesure aurait le mérite de la simplicité. Pourrait s’ajouter une première expérimentation de la TVA sociale qui, loin de casser la croissance, a renforcé la compétitivité de l’Allemagne.

2. la France refuserait de soumettre à ratification le nouveau traité européen tant que les pays de la zone euro ne se mettraient pas d’accord sur une nouvelle politique monétaire (baisse des taux d’intérêt de la Banque Centrale européenne) et une nouvelle politique commerciale à l’OMC (mise en place de la taxe carbone)

3. enfin, pour réduire le fossé croissant entre l’augmentation des profits et la stagnation des salaires, la « participation » serait largement incitée fiscalement et les stocks option réellement encadrés et taxés. Pourquoi aussi les élus de la République, les Ministres ne montreraient-ils pas franchement l’exemple en réduisant de 10 ou 20% leur indemnité de fonction ?

Ainsi le peuple français pourrait constater que c’est l’ensemble de la Nation qui fournit un effort pour relever les défis collectifs. L’effort partagé, un cap retrouvé, l’espoir d’un avenir meilleur pour tous en vue, il serait alors davantage prêt à consentir sa part de sacrifice.