Dupont-Aignan veut faire des listes
pour « une autre Europe »
28/05/2008 12h03 GMT - PARTIS-UE-EUROPÉENNES-DLR - Nouvelles de
France - AFP
Le député Nicolas Dupont-Aignan (Debout la
République), opposant au traité de Lisbonne et à la Constitution
européenne, a annoncé mercredi le lancement d’une souscription
afin de financer des listes aux prochaines élections européennes
pour « une autre Europe ».
« Nous voulons rassembler les gens qui ont voté
NON à la Constitution, non parce qu’ils étaient contre l’Europe
ou le capitalisme, mais parce qu’ils veulent construire une
autre Europe, plus démocratique », a déclaré à l’AFP l’ancien
député UMP, qui siège aujourd’hui en non-inscrit à l’Assemblée
nationale.
Le tract que va distribuer Debout la République
propose aux « nonistes » de 2005 de verser « 5 euros pour faire
respecter (son) vote » de l’époque, par la constitution de
« listes républicaines qui défendent la voix du peuple ».
La « charte » présentant la philosophie de cette
« autre Europe » sera présentée en septembre, lors d’une
université d’été de Debout la République, a précisé
M. Dupont-Aignan.
Il s’agit par exemple de réclamer « la fin de
l’élargissement sans fin » de l’UE, ou le « rétablissement de la
liberté pour chaque pays d’organiser ses services publics comme
il l’entend », a indiqué M. Dupont-Aignan.
Il s’agit aussi de revendiquer « un changement
institutionnel complet » permettant de passer de « l’Europe
supranationale à l’Europe confédérale », a-t-il dit.
« Si nous arrivons à proposer un projet positif
pour l’Europe, qui s’adresse aux républicains de gauche et de
droite, nous pouvons bouleverser le jeu politique en France », a
estimé M. Dupont-Aignan.
« Il y a des millions de Français qui ont voté
+non+ à la Constitution et ne se reconnaissent ni dans Villiers,
ni dans Besancenot, ni dans Le Pen », a-t-il estimé.
Debout la République est le petit parti fondé par
Nicolas Dupont-Aignan, pour revendiquer notamment l’héritage du
gaullisme. M. Dupont-Aignan a rompu avec l’UMP en janvier 2007,
au moment où le parti s’était rangé officiellement derrière la
candidature de Nicolas Sarkozy à la présidentielle.
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Une
bonne Constitution répond à deux objectifs principaux : la stabilité du
pays, la vitalité de sa démocratie. Les institutions de 1958, pour
mettre un terme à l’instabilité chronique du régime d’assemblée des IIIe
et IVe République, a confié de grands pouvoirs à l’exécutif. Ce
renforcement s’est toutefois accompagné de l’élection du Président au
suffrage universel direct en 1962, et d’une pratique référendaire,
permettant aux moments cruciaux de trancher les grandes querelles. Pour
le Général de Gaulle, le bénéfice d’une grande autorité obligeait à
asseoir celle-ci sur une légitimité suprême et incontestable, celle de
la souveraineté populaire elle-même – qui, toujours d’après de Gaulle,
«se confond avec la démocratie». Bref, à grand pouvoir, grande
responsabilité.
Malheureusement ses successeurs ont conservé les
pouvoirs tout en s’affranchissant de la responsabilité : le quinquennat
d’une part, la formation d’un parti quasi unique à droite de l’autre,
ont encore accentué la concentration des pouvoirs, tandis que le
dévoiement progressif de la pratique référendaire - jusqu’au déni du
résultat du 29 mai 2005 – a gravement affaibli la fonction de contrôle
de la démocratie directe.
Une réforme constitutionnelle pour rééquilibrer
le système est donc souhaitable. Malheureusement, le projet débattu à
l’Assemblée Nationale n’est qu’un trompe-l’œil. Le Président veut faire
croire qu’il est un grand réformateur et un grand démocrate. Mais, en
réalité, il ne touche en rien aux causes profondes de l’étouffement de
notre démocratie.
Rien n’est prévu, par exemple, sur le mode
d’élection des Députés. Or, le système majoritaire, dans le nouveau
contexte de l’UMP et du quinquennat, est devenu un véritable étouffoir
démocratique, reconstituant un régime des partis que le fondateur de la
Ve République, on le sait, avait vigoureusement combattu. Ironie de
l’histoire, l’oxygénation du système par l’introduction d’un peu de
proportionnelle est devenue la seule solution pour empêcher la
domination presque sans partage de deux partis larrons en foire, le PS
et l’UMP, qui représentent de moins en moins d’électeurs. Je refuse bien
sûr la proportionnelle intégrale, qui replongerait le pays dans
l’instabilité, mais je crois nécessaire pour permettre une meilleure
représentativité de l’Assemblée Nationale, l’instillation d’une dose de
proportionnelle.
Sans cette rupture, les nouveaux pouvoirs donnés
au Parlement ne représentent qu’un leurre, car il s’agit de donner des
compétences nouvelles au parti dirigé depuis l’Elysée.
Rien non plus pour conforter l’usage du
référendum. La suppression en suspens du référendum obligatoire sur
l’adhésion de nouveaux pays à l’Union européenne, comme l’usine à gaz du
référendum d’initiative populaire, n’augurent rien de bon. Le seuil de
déclenchement de ce référendum d’initiative populaire est en réalité
bien trop élevé pour que la réforme soit opératoire…
Rien ensuite sur la question centrale des médias.
Pour garantir le pluralisme et sortir de la dérive bananière de notre
République, il faut, comme dans la plupart des pays occidentaux,
interdire aux groupes financiers dépendant des commandes de l’Etat de
détenir de grands médias.
Surtout rien n’est envisagé sur la question clé
du contrôle de l’Union européenne. Les directives négociées par les
Ministres à Bruxelles le sont dans le dos du Parlement. Le grand
problème est que la négociation européenne relève de la sphère
diplomatique (et donc du pouvoir discrétionnaire de l’exécutif) alors
qu’elle porte sur des sujets relevant éminemment du domaine de la loi,
c'est-à-dire du Parlement. Les directives bruxelloises sont ainsi de
nature législative mais les parlementaires sont la plupart du temps
sommés de les retranscrire quelques années plus tard en droit interne,
sans débat ni réel pouvoir d’amendement, par ordonnance.
Enfin, que dire de certains gadgets, comme
l’inscription des langues minoritaires et régionales dans la
Constitution, dont l’application pourrait cependant réserver de très
désagréables surprises ?!
Démocratiser la Ve, bien sûr ! À deux conditions
: tout d’abord s’attaquer aux vraies questions, ensuite maintenir la
garantie de la stabilité. En vérité, cette réforme s’apparente de plus
en plus à un jeu politicien entre le Président et l’opposition. Une
sorte de donnant-donnant qui consacrerait un accord minimal de deux
partenaires à bout de souffle. Le régime des deux partis cherche à faire
main basse sur des institutions qui peuvent pourtant faire merveille si
celui qui préside a une vision, une politique, un appui du peuple
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