Communiqué du 24 mai 2008

 

Ils magouillent et nous embrouillent…

 
  • Billet de (mauvaise) humeur.

Alain KERHERVE

Le débat parlementaire sur la révision constitutionnelle est clair. L'UMP et le PS essaient de trouver un terrain d'entente pour modifier notre constitution. Le marchandage est à son comble. "J'accepte ta proposition, tu ne t'opposes pas à la mienne …".

 

J'ai eu l'occasion de l'exprimer à plusieurs reprises sur Objectif-France : les propositions gouvernementales du tandem Sarko-Fillon conduisent au retour du "régime exclusif des partis". Pourquoi ?

 

Retenons trois propositions majeures du projet, mais non exclusives, allant dans ce sens :

 

-  L'article 4 modifié propose : "Des droits particuliers peuvent être reconnus par la loi aux partis et groupements politiques qui n’ont pas déclaré soutenir le Gouvernement." Le législateur présuppose donc pour lui-même (On mesure ici toute l'ambigüité du processus de révision retenu) que les parlementaires restent assujettis aux partis dont ils sont issus et qu'ils s'imposent une conduite exclusivement "pour" ou totalement "contre". En conséquence, la constitution exclurait d'elle-même toute majorité spécifique soit à un sujet soit à une actualité particulièrement délicate en fonction des circonstances. Ainsi, le droit de vote du parlementaire, aujourd'hui personnel, serait demain cadré et contraint.

 

-  L'article 25 proposé rétablit une pratique gouvernementale que l'on croyait obsolète : les parlementaires appelés au gouvernement retrouveront automatiquement, c'est-à dire sans repasser par le suffrage universel, leur siège de député ou de sénateur. La séparation fonctionnelle des pouvoirs législatif et exécutif n'existe plus. La carrière des hommes politiques sera totalement encadrée par les partis La solidarité gouvernementale, règle fondamentale de la Vème république, volera en éclat.

 

-  Enfin, l'expression du Président de la république devant les parlementaires réunis ou non en congrès (qu'importe la forme) déplacera le centre de gravité de la démocratie du peuple souverain vers son expression la plus réductrice : le parlement.

 

Dans cette affaire, les partis politiques reprennent le pouvoir. Il n'est donc pas étonnant qu'ils "magouillent et nous embrouillent" à leur seul profit, et au détriment de la seule chose qui vaille : la France.

 

Sarkozy veut tuer la Vème république. A défaut de la VIème réclamée à grands cris par les apparatchiks socialistes, il négocie le retour "aux délices" de la défunte IVème qu'il veut ressusciter.
 

Il avait oublié le "gaullisme", aujourd'hui il poignarde la France.