26/09/2002


Des cendres du RPR
renaîtra le gaullisme.

 

  • par Alain KERHERVE

 

 

 

Les 3000 militants réunis en Assises le 21 septembre 2002 ont dissout le RPR et fondu ses forces au sein de l’UMP.

A la même date, le parti d’Alain Madelin, Démocratie Libérale, a prononcé la même sanction. Reste maintenant aux membres de l’UDF ayant  soutenu la création de l’UMP de franchir également le pas dans quelques jours.

Le grand parti de droite et du centre dont on ne connaît pas encore l’appellation définitive est donc une réalité.

Dans cette affaire, particulièrement banale dans le contexte politique français d’aujourd’hui, les médias se sont autorisé à annoncer la fin du gaullisme, comme si le RPR en était le dépositaire officiel. « Le RPR est mort ! Tant mieux » s’exclame avec ironie Jacques Dauer.

En réalité, la fin du RPR met un terme à une supercherie délicatement entretenue par certains, supercherie laissant entendre que le gaullisme pouvait s’exprimer à travers le mouvement créé par et pour Jacques Chirac.

Maurice Druon, Secrétaire perpétuel honoraire de l’Académie française rappelle : « Le RPR n’était plus gaulliste depuis longtemps. Raffarin est un centriste, et finalement, Chirac aussi ». Éric Zemmour réitère ce qu’il a toujours affirmé : « Le RPR, qui se voulait une nouvelle réincarnation du mouvement gaulliste, s’était vidé de l’intérieur. L’avait-il jamais été, gaulliste ? ».

1974 - Chirac choisit Valéry Giscard d’Estaing[1] plutôt que Jacques Chaban-Delmas.

1976 - Chirac prend d’assaut le l’UDR et créé, en écartant les véritables gaullistes, le RPR.

1986 - 1988 - Chirac tombe dans le piège diabolique de F. Mitterrand : la cohabitation.

1993 - 1995 - Balladur, en accord avec Chirac, confirme.

1997 – Chirac, Président de la République, dissout l’Assemblée Nationale pourtant majoritairement « bleue ». S’en suit une nouvelle cohabitation de 5 ans dont on ne dira jamais assez qu’elle fut diaboliquement funeste pour la France.

Ce rappel succinct ne peut nous faire oublier d’autres péripéties. Pierre Lefranc, gaulliste historique et membre fondateur de l’institut Charles De Gaulle, ne regrette pas de son côté la disparition du RPR. « C’est un parti politique organisé autour de la personne de M. Chirac, dont la politique est très éloignée de ce qu’aurait souhaité le Général de Gaulle» annonce-t-il avant de préciser que « le RPR a voté Maastricht, a soutenu Amsterdam et le quinquennat ».

René Rémond, président de la Fondation nationale des sciences politiques, va dans le même sens. Il éclaire de son propos la situation réelle de l’UMP : « L’axe de la nouvelle formation est d’inspiration libérale. Sarkozy, Juppé s’inscrivent dans la tradition de la droite libérale, peu différente de ce que fut le CNIP sous la IVème République ».

Enfin, sur le plan économique et social, il convient d’insister sur l’abandon par le RPR du grand projet du Général de Gaulle : la participation, cette troisième voix entre le collectivisme et le libéralisme.

Objectif-France ne verse aucune larme sur le sabordage du RPR. Mais il reste maintenant à reconstruire. Que ceux qui se réclament du gaullisme de conviction se retrouvent, se regroupent et s’organisent.

q       Il devient urgent et indispensable que les gaullistes historiques (Messmer, Lefranc, Guéna, Dauer …) sortent de leur réserve pour parrainer, encourager et accompagner toute initiative en faveur d’une telle renaissance.

q       Il devient urgent et indispensable, que, dans ce contexte, Charles Pasqua dont le gaullisme ne peut être contesté, redéfinisse son RPF sur une base transcendant les clivages droite-gauche. « On ne peut pas être vraiment Gaulliste si on est de gauche, ni si on est de droite. Être Gaulliste, c'est être ni à gauche, ni à droite, c'est être au-dessus, c'est être pour la France » aimait à préciser le général.

q       Il est urgent et indispensable qu’une structure nationale accueille tous ces jeunes qui, en ce début du 21ème siècle, considèrent à juste titre le gaullisme comme une valeur politique d’avenir.

Laissons, en guise de conclusion, le dernier mot au Général : « Si donc ce qui a été fait à mon appel et suivant mon action, depuis quelque trente ans, pour rendre à notre pays sa raison d’être, son rang et sa vocation universelle, doit devenir un jour le ferment d’un nouvel essor national, je n’aurai depuis l’autre monde qu’à remercier Dieu du Destin qu’il m’a fixé » De Gaulle (1970)

 

[1] Rappelons que VGE a exhorté à voter NON au référendum du 27 avril 1969 sur la décentralisation et la réforme du Sénat. La victoire du NON (en fait, la part électorale de VGE et de ses amis centristes et libéraux de l’ordre de 3 à 4% a été déterminante) a provoqué le départ définitif du Général de Gaulle.