Charles PASQUA ... CANDIDAT 

 

 

 

 

 


 

Sa candidature était attendue (voir Objectif-France n°1). Il s’était promis de mener ce dernier combat, celui des valeurs gaullistes. Dans ce numéro d’Objectif-France, il était prévu de la commenter. Peine perdue. A la lecture, à la relecture du texte de C. Pasqua, nous ne pouvons nous résoudre à supprimer la moindre ligne. Tout y est[1]. En conséquence, ne voulant pas le dénaturer, Objectif-France résigne volontiers à vous le rappeler en intégralité.


 

Mes chers compatriotes,

Dans moins de cent jours, vous aurez choisi, pour les cinq prochaines années, le Président de notre République.

Jamais, depuis quarante ans, ce choix n'aura autant déterminé le rang que la France entend tenir et le rôle qu'elle entend jouer dans le monde, dont dépendent directement notre sécurité intérieure, la force de notre économie et la cohésion de notre société.

Jamais, depuis quarante ans, sa destinée n'aura été autant en jeu.

Serons-nous piétinés par la mondialisation galopante, ou parviendrons-nous à la maîtriser ?

Disparaîtrons-nous dans une Europe sans âme, celle d’une monnaie faible et de la réglementation tatillonne, ou parviendrons-nous à construire avec nos voisins une Europe indépendante, fière d’elle-même, et des nations qui la composent ?

Subirons-nous la domination militaire, économique et culturelle des Etats-Unis ou ferons-nous rayonner la France et sa culture ?

Laisserons-nous sans réagir se développer l’insécurité et l’anarchie dans nos villes et nos campagnes, ou engagerons-nous vigoureusement la nécessaire répression des crimes et des délits ?

Abandonnerons-nous notre système de santé, de protection sociale ou nos services publics à la loi du marché et du profit ou assurerons-nous l’égalité de traitement pour tous les citoyens ?

Voilà les grandes questions auxquelles les cogérants qui dirigent le pays depuis cinq ans sont devenus incapables de répondre. Leur politique commune et leurs programmes interchangeables se satisfont du déclin dont ils sont les responsables. Ils n'ont qu'un seul souci : eux-mêmes. Un seul objectif : la pérennité du pouvoir stérile, mais absolu, de leurs partis.

Pourquoi ouvriraient-ils un débat alors qu'ils ont confisqué, eux et leurs émules, la démocratie à leur exclusif profit ?

Pourquoi, en effet, puisque, pour eux, tout se décide ailleurs, dans les aréopages de puissants où ils marchandent, avec leurs pairs, des préséances, des places ou des pourboires ?

En cinq ans, le poison de la cohabitation tout droit sorti d'un mauvais calcul politicien a fait son œuvre destructrice. 

Notre diplomatie est impuissante, notre armée est démoralisée, notre police n'est plus commandée.

Malgré sa modernité et sa vitalité, la France n'est plus respectée. La fonction présidentielle est diminuée. L'Etat est déliquescent. La société se décompose de façon alarmante. 

L'immigration clandestine n'est plus maîtrisée et un islamisme intolérant prospère dans des banlieues délaissées.

Les attentats du 11 septembre 2001 et un terrorisme qui ne fait que commencer sont la démonstration éclatante que nous avons besoin d'un Etat fort, qui s'appuie sur le peuple souverain.

Retrouver l'Etat, restaurer l'esprit et le service publics, sans lesquels il n'y a pas de sécurité, pas d'égalité du citoyen devant la loi,

Retrouver les valeurs républicaines, sans lesquelles il n'y a pas de civisme mais au contraire le repli communautaire,

Retrouver l'autorité, sans laquelle il ne saurait y avoir de République qui n'est pas seulement un mot ou un symbole, mais une volonté.

Retrouver l'éducation nationale, sans laquelle il n'y a plus ni repères ni promotion par le seul mérite,

Retrouver notre identité, notre personnalité nationale, sans laquelle la France serait condamnée à disparaître,

Retrouver nos couleurs, celles de notre patrie, car c'est autour d'elles que dans les moments graves, notre peuple se rassemble,

Voilà mon but.

Mes chers compatriotes, j'ai décidé de me présenter à la Présidence de la République. Je ne suis ni l'homme d'un parti, ni celui d'une faction, et mon ambition est de servir ma patrie, aujourd'hui blessée, pour laquelle j'ai combattu et combattrai de toute la force de l'amour qui m'unit à elle.

Si je rencontre votre confiance, alors, oui, nous pourrons sortir du cycle infernal du mensonge et de la bassesse, pour retrouver le chemin de la grandeur et de la prospérité et hisser nos couleurs avec la fierté qu’elles méritent.

Paris, le  29 janvier 2002

 



[1] Sauf un point : revoir les relations sociales dans les entreprises et instaurer la « participation active » des salariés à la vie et à l’enrichissement de leurs entreprises. Le livre de C. Pasqua « Non à la décadence » que nous vous conseillons de lire, en fait état, mais insuffisamment. Ce point fera l’objet d’un article dans un prochain numéro d’Objectif-France.