Source Resistencia
Une
dépêche AFP (sous embargo 16 mai - 19h00) indique que le journal
Libération, qui n'est pas suspect d'euroscepticisme puisqu'il était
ouvertement favorable au Oui au référendum, va publier demain un
sondage d'où il ressort que :
-
98%
de ceux qui ont voté non au référendum européen ne le regrettent
pas tandis que 1% le regrettent
-
89%
de ceux qui ont voté oui au référendum européen ne le regrettent
pas tandis que 10% le regrettent.
La dépêche AFP ci-dessous a choisi un titre pervers et sciemment
faussé en ne mettant en avant que la partie du sondage concernant
les électeurs du Non
(Titre ci-dessus : 98% de ceux qui ...). En lisant que "98% de ceux qui ont voté non au référendum
européen ne le regrettent pas",
le lecteur inattentif se dit qu'il y en a quand même quelques-uns
qui le regrettent... En outre, la formulation retenue par
l'AFP véhicule inconsciemment l'idée que ceux qui ont voté Non
n'auraient pas vraiment la conscience tranquille...
Pourtant, le vrai résultat de ce sondage est ailleurs : il
tient dans le fait que 10% des électeurs du Oui regrettent leur
vote. Et cela, c'est capital.
Pour bien comprendre l'enseignement du sondage, il nous faut donc
faire un peu d'arithmétique élémentaire :
a) on se rappelle que, selon les résultats officiels, 54,7% des
Français ont voté Non à la Constitution européenne et 45,3% ont voté
Oui.
b) or, si 98% des Français ayant voté Non ne regrettent pas leur
vote, cela signifie que 98% des 54,7% de Français ayant voté
Non revoteraient Non aujourd'hui. Soit 0,98 x 0,547 = 0,536
c) par ailleurs, si 10% des Français ayant voté Oui regrettent leur
vote, cela signifie que 10% des 45,3% de Français ayant voté
Oui voteraient Non aujourd'hui. Soit 0,10 x 0,45 = 0,045
On peut en tirer la conclusion extrêmement importante que,
si les Français
étaient de nouveau appelés à voter aujourd'hui, le Non l'emporterait
avec 58,1% des voix (car 0,536 + 0,045 =
0,581).
Conclusion
Comme
souvent, le titre de la dépêche AFP est trompeur et occulte
l'essentiel.
Or
l'essentiel du sondage à paraître demain, c'est que, loin de
diminuer, l'opposition à la Constitution européenne s'est encore
renforcée depuis un an.
Encore ce
sondage a-t-il été commandé par un journal européiste. Il est donc
raisonnable d'envisager que, désormais, il y a en gros 58 à 60% des
Français qui sont hostiles à la Constitution européenne.
Encore une
fois, les événements ne cessent de confirmer nos analyses sur la
crise historique insoluble dans laquelle s'enfonce la "construction
européenne".