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Communiqué du 29 octobre 2006

 

L'AFFAIRE BOMBARDIER

 

Nicolas DUPONT-AIGNAN s’est montré impitoyable dans sa critique du choix catastrophique opéré par les élus socialiste (soutiens de Ségo) et les représentants de l’état (amis de Sarko) pour renouveler le PARC FERROVIAIRE D’ÎLE DE FRANCE : 4 milliards d’Euros confiés à un constructeur canadien qui, AU QUÉBEC, refuse la concurrence !

Il a demandé au Premier ministre de "bloquer cette décision honteuse pour l'emploi dans notre pays". Le député UMP de l'Essonne rappelle que Bombardier "bénéficie d'un avantage à l'exportation puisque le marché canadien est protégé, ce pays n'ayant pas signé l'accord OMC sur les transports". Bombardier a remporté récemment sans appel d'offres les marchés des métros de Montréal et Toronto

Au micro de France Info, vendredi, NDA, contestant ce choix catastrophique pour le français ALSTOM, s’est fait contrer par Valérie PÉCRESSE, députée UMP.

Tout un symbole !...

Nous laissons ci-dessous la plume à un article issu de "Vive la République" (VLR), qui décrit avec talent ce renoncement, cette logique de sous-traitant, acceptés à la fois par les tenants de Ségolène Royal (Huchon et les socialistes d’île de France) et de Nicolas Sarkozy (Patrick Devedjian et les représentants de l’ÉTAT).

Christian LECHEVALIER

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L'AFFAIRE BOMBARDIER : Une scandaleuse leçon de choses.

En accord avec le STIF (Syndicat des Transports de l'Ile de France) , la SNCF vient de choisir l'entreprise canadienne BOMBARDIER pour renouveler le parc de trains de l'Ile de France, au détriment d'Alstom, pour un montant global prévisible de plus de 4 milliards d'Euros. Jusqu'à ce jour, aucun candidat du politiquement correct n'a jugé utile de réagir, et le gouvernement comme le chef de l'Etat sont muets. Qu'ont voté au Conseil d'Administration de la SNCF les représentants de l'Etat-actionnaire ? Par contre, Madame PARIZOT, Présidente du Medef s'en félicite aussitôt, ainsi que quelques députés acquis à l'idéologie mondialiste.

Ainsi, l'Ile de France, principale région française et 5° région d'Europe selon le PIB par habitant, ne fait pas le choix d'une société française, ni même européenne. Ainsi donc, tous les discours sur le "patriotisme économique" et sur l'Europe volent en éclat.

Il s'agit d'une décision d'abandon pur et simple, qu'il est cependant facile d'expliquer.

L'unique argument véritablement évoqué est un prix inférieur de 10% offert par Bombardier face à l'offre d'Alstom. C'est un argument d'une courte vue extraordinaire. Alstom a toujours privilégié l'emploi en France à contrario de Bombardier, qui a déjà délocalisé une part notable de ses activités dans des régions du monde à bas salaires. Il ne tint aucun compte des dégâts collatéraux d'une telle décision : perte d'emplois en France, affaiblissement de la maîtrise stratégique française et européenne sur un secteur-clef, celui des transports. Comme dans les domaines de l'énergie, de la santé, de l'armement, de la recherche fondamentale, le credo monétariste et financier à court terme l'emporte une nouvelle fois sur les stratégies d'avenir.

1/ l'appel d'offres qui a conduit à ce choix est un appel d'offres "européen" (sic), c'est à dire qu'il et conforme aux exigences de l'Union Européenne et de la Commission de Bruxelles. La règle est celle de la "concurrence libre et non faussée", celle qui va au prix le plus bas indépendamment des conséquences sociales et des conséquences stratégiques. Nul doute que le choix d'Alstom aurait vu se lever les remontrances sourcilleuses de Bruxelles en raison des aides d'Etat dont cette entreprise a bénéficié par le passé..

Cette règle absolue ne vaut évidemment pas pour les champions industriels d'Amérique du Nord : Bombardier a obtenu ses derniers marchés au Canada sans aucune procédure d'appel d'offres.

L'Union Européenne n'est pas l'Europe : elle est l'élève servile du libre-échangisme nord-américain qui doit s'appliquer à tout le monde, sauf à lui-même.

2/ Une telle décision est le produit du renoncement de l'Etat. En ayant accepté la logique de l'Union Européenne, les partis de l'oligarchie UMP et PS ont fait des transports un libre marché comme les autres. Cette logique dogmatique qui aboutit à ce résultat aujourd'hui s'étendra demain à tous les secteurs publics : poste, santé, éducation.

En ayant "régionalisé" la France, la majorité UMP/PS a permis ce résultat édifiant :la région Ile-de - France n'hésite pas à porter un coup sévère aux autres régions françaises où sont implantées les entreprises d'Alstom.

Le désengagement de l'Etat au sein d'Alstom, dont la participation résiduelle de 21% a été cédée à Bouygues, donne les résultats escomptés. L'entreprise dont le Président fut un temps Serge Tchuruk, célèbre par sa vision des "entreprises sans usines", paye ainsi son adaptation au modèle financier dominant.

3/ Cette décision éclaire la vraie nature de la pseudo-compétition présidentielle médiatique entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Au conseil d'administration du STIF, se retrouvent en effet pour voter cette décision aussi bien Jean-Paul Huchon, soutien de la première, que Patrick Devedjian, bras droit du second, qui a déjà depuis longtemps eu l'honnêteté de proclamer que la nationalité des entreprises n'avait "aucune importance".

4/ Elle nous montre le vrai visage de la globalisation financière.

On trouve ainsi par exemple dans les instances dirigeantes de Bombardier :

* Alain Navarri, diplômé de l'Ecole Centrale de Paris, ancien Président de la division transport d'Alstom jusqu'en 1999, ancien dirigeant d'Alcatel, président en exercice du Conseil d'Administration de l'Association des Industries Ferroviaires Européennes (UNIFE) ! (sic)

* Jean-Louis Fontaine, qui siège au conseil d'administration de la branche nord-américaine des assurances à base française AXA

* Henrich Weiss, membre de la direction de nombreux groupes financiers et industriels allemands dont la Deutsch Bahn (Chemins de Fer allemands) et Thyssen-Bornemizza, holding de l'acier et des métaux très impliqué dans l'activité ferroviaire en Allemagne

* Federico Sada, qui outre ses activités industrielles au Mexique, est président du Comité bilatéral France-Mexique du COMCE (Conseil mexicain du commerce international)

Ces quelques exemples nous démontrent ce qu'est la "mondialisation" vus par l'oligarchie internationale. Loin de se résumer à l'accroissement des échanges et au progrès technologique, il s'agit de mettre toutes les forces productives entre les mains d'une mince couche qui jongle avec les capitaux et les entreprises par le biais de toutes les passerelles et l'interpénétration des prises de capital et des présences entrecroisées au sein des instances dirigeantes.