Communiqué du 29 octobre 2006 - Alain Kerhervé

 

Populisme : la gangrène atteint Matignon...

 

Ségolène Royal leur a tendu un piège. Ils y sont tous tombés.

La stratégie de la favorite socialiste est limpide. Elle lance une idée sans la développer, les autres réagissent parfois vertement et abordent les différentes facettes du problème. Il ne lui reste plus qu'à contrer en corrigeant et en explicitant sa proposition initiale.

 

Il en est ainsi des "jurys des citoyens" unanimement critiqués autant par ses "amis" que par ses adversaires.

"C'est une proposition démagogique et populiste", "de l'antiparlementarisme le plus sommaire", "Mme Royal fait reculer les frontières de la République". Autant de remarques pertinentes, tant il est vrai que la candidate socialiste, à défaut de projet global pour la France, va bien trop loin dans ce registre.

 

Mais beaucoup de Français sont sensibles au diagnostic ainsi posé ; nos élites politiques s'éloignent de plus en plus du peuple. En réalité, le véritable "jury de citoyens" est, et personne n'osera dire le contraire, l'ensemble des Françaises et Français, notamment quand ils s'expriment dans le cadre des consultations régulières, mais aussi et surtout, lors d'un référendum dont la principale caractéristique est de susciter un véritable débat sur un sujet important et parfaitement identifié. Mais alors ! Que Ségolène prenne en compte, ceci étant valable pour tout autre candidat, l'expression majoritaire qui s'est manifestée lors du référendum du 29 mai 2005 ! Proposer, comme le fait également Nicolas Sarkozy, de faire adopter le cœur de la constitution européenne par le parlement après la présidentielle de 2007 est une initiative dirigée contre le peuple "qui se serait trompé ou qui aurait été trompé" comme le répète inlassablement Valéry Giscard d'Estaing, le père de ce texte constitutionnel.

 

Mais le plus grave ne se situe pas à ce niveau. Ils sont tous tombés dans le piège de Ségolène, même, et surtout, le Premier ministre. Quelle mouche a donc piqué Dominique de Villepin ?

 

Pour ne pas être en reste avec Ségolène, il nous propose de transformer le Conseil des ministres en show télé hebdomadaire [le mercredi, jour des enfants], permettant ainsi à chaque ministre d'exprimer publiquement sa différence. Le gouvernement n'est pas là pour parader.

Il est là pour débattre, en respectant les domaines attribués par sa composition et en s'assurant de la solidarité gouvernementale, deux principes spécifiques à la Vème République. Loin de toutes les pressions, sans démagogie, il est appelé à décider et à agir. C'est sa raison d'être depuis 1958.

 

La réplique du Président Chirac est heureuse, pour la démocratie, pour la République, et surtout pour la France et les Français.

 

… mais s'arrête aux portes de l'Elysées.