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Communiqué du 26 novembre 2005
 

 

André BELLON  : Redire un « non » qui n’a pas été entendu !

 

Le 29 mai 2005, pour la première fois depuis longtemps, les français ont pu faire entendre leur voix. Leur message était très clair quoi qu’en disent nos analystes officiels. Malgré l’intoxication, malgré le refus de réelle démocratie, malgré la destruction de la République, les Français ont, ce jour là, affirmé avec netteté : « Nous sommes la nation. »

La réponse, ou plutôt l’absence de réponse, qui nous est donnée depuis lors n’est pas seulement caractéristique de l’incompréhension maladive de nos dirigeants, de droite comme de gauche. Elle nous enfonce dans une crise politique et sociale dont nul ne peut dire sur quels drames elle peut déboucher.

Face à la domination toujours plus forte d’un marché mondial qui, au nom de la concurrence, tue toutes les volontés démocratiques, dissout les peuples dans un magma sans droits politiques, les principaux partis nous donnent pour seul horizon l’élection présidentielle. Pour quoi faire ?

Du côté de l’UMP, on durcit le ton sur le thème de l’ordre, objectif qui serait légitime en lui-même s’il ne s’accompagnait pas de la destruction programmée des services publics, des droits sociaux, de la vie démocratique, de tout ce qui doit faire la cohérence d’une société républicaine. Devant l’explosion qui a embrasé les banlieues, il est non seulement stupide, mais profondément dangereux, de séparer encore plus les fragments de la nation par une gesticulation médiatique et une discrimination dite positive. Les chefs de l’UMP nous proposent, en fait, de rétablir un ordre républicain qu’ils ne cessent de détruire.

On n’attendait pas grand-chose du congrès du PS. Il ne nous a donc finalement pas déçu. Qu’un parti politique fasse une synthèse en son sein n’a rien en soi de condamnable : se rassembler pour battre les forces de droite est même l’objectif normal de tous les militants de gauche. Encore faudrait-il que ce rassemblement ait pour objectif une véritable alternative. Certes, à entendre François Hollande, il faut renforcer le camp du progrès, faire évoluer l’Europe vers une conception sociale, transformer les buts de la banque centrale européenne vers la recherche du plein emploi... Effarante déclaration lorsqu’on sait qu’en dehors de quelques remarques de forme et au-delà de quelques artifices de langage, le PS a été jusqu’alors, sous l’égide des mêmes dirigeants et y compris pendant le débat référendaire, le grand artisan et un des principaux soutiens de la politique inverse, du traité de Maastricht au traité constitutionnel en passant par le traité d’Amsterdam et le sommet de Lisbonne !

D’un côté comme de l’autre, on repeint la façade pour rassembler et mobiliser les électorats traditionnels sans aucunement se soucier de la capacité à réaliser les objectifs annoncés, ni de la volonté populaire et surtout sans appliquer les décisions du suffrage universel. Les dirigeants sont d’autant plus fermes dans les discours qu’ils sont évanescents dans leurs pratiques politiques. La seule chose qui leur importe, c’est de prendre le pouvoir, au mieux pour constater leur impuissance, au pire pour empêcher toute autre politique.

Le 29-Mai a été une chance pour notre pays. Il a montré la vitalité d’un peuple qu’on voulait ignorer, qu’on prétendait disparu, alors même que notre propre constitution affirme sa souveraineté. Faute de savoir écouter sa volonté, nous courrons soit vers des révoltes parcellaires chroniques, soit vers un durcissement des formes totalitaires de l’État. Face à cette vie sociale où le citoyen a perdu toute prise, où le travailleur est considéré comme privilégié lorsqu’il a la chance d’un emploi, la défaillance du personnel politique accroît la responsabilité du citoyen.

Il faut appeler nos concitoyens à défendre la démocratie, la république, à réaffirmer que le pouvoir politique ne peut émaner que du peuple et non de pitoyables jeux d’appareils. Il est grand temps de nous rassembler à nouveau pour dire non.

André Bellon - Comité Valmy

lundi 21 novembre 2005