Communiqué du 15mars 2007

 

Lucie AUBRAC : grande figure de la résistance

 
  • 29 Juin 1912 - 14 Mars 2007

 

Lucie Aubrac, (de son vrai nom Lucie Bernard), l'une des dernières grandes figures de la Résistance, est décédée mercredi soir à l'Hôpital suisse de Paris, à l'âge de 94 ans, a indiqué son mari, Raymond Aubrac.

LE CHOC DE L'HISTOIRE

Elle prend conscience du danger du fascisme entre les deux guerres, et découvre les premiers ravages de l'antisémitisme nazi lors des Jeux Olympiques de Berlin en 1936.

Dans l'ombre et la clandestinité Lucie et son mari Raymond choisissent la Résistance dont ils furent deux grandes figures.

Elle rencontre à Clermont-Ferrand, le journaliste Emmanuel d'Astier de la Vigerie qui organise un petit groupe clandestin "la dernière colonne" et fait paraître un journal clandestin Libération, qui devait aboutir au réseau de Libération-sud, un des premiers mouvements de Résistance. A Lyon, Raymond fait partie de l'état major de l'Armée Secrète du Général Charles Delestraint. Une première fois arrêté par la milice puis relâché le 15 Juin 1943. A Caluire, le 21 Juin 1943 il est de nouveau arrêté par la Gestapo de Klaus Barbie, avec Jean Moulin, chef du Conseil national de la Résistance (CNR), et une dizaine de Résistants, en octobre 1943, avec ingéniosité et sang-froid, les armes à la main, Lucie Aubrac réussit à nouveau à soustraire son mari des griffes de la Gestapo, ainsi que treize autres prisonniers qui parviennent à s'enfuir lors du coup de main organisé par la Résistance. Après ce succès, ils rejoignirent le Général de Gaulle à Londres en Février 1944, puis à Alger.

Plus de 50 ans après, Lucie Aubrac reste toujours aussi consciente et sensible aux maux qui nous entourent. Elle parcourt la France pour monter aux jeunes que la Résistance ne doit pas se limiter aux périodes de guerre. Résister, c'est refuser et être prêt à monter en 1ère ligne pour défendre sa liberté c'est un acte de citoyenneté.

 

Films lui rendant hommage :

·  Dans L'Armée des ombres de Jean-Pierre Melville, sorti en 1969, le personnage de Mathilde joué par Simone Signoret est librement inspiré de la figure de Lucie Aubrac.

·  Boulevard des hirondelles réalisé en 1991 par José Yanne, est la première fiction qui évoque l'histoire de Lucie Aubrac, incarnée dans le film par Elizabeth Bourgine.

·  En 1997, le réalisateur Claude Berri rend hommage à son passé de résistante avec son film Lucie Aubrac, incarnée par Carole Bouquet. Ce film est inspiré de l'histoire vraie de Lucie Aubrac, racontée dans son ouvrage Ils partiront dans l'ivresse (1984 - Le Seuil).

Après la guerre, elle a été notamment juré non parlementaire à la Haute Cour de justice du procès Pétain. Elle poursuit ensuite son engagement militant, notamment pour Amnesty international, et dans les rangs du Réseau Femmes pour la parité, qui dénonce la sous-représentation des femmes au Parlement.

Grand officier de la Légion d'honneur, Croix de guerre 39-45 et médaillée de la Résistance, Madame Lucie Aubrac, mère de trois enfants, était l'auteur de "Ils partiront dans l'ivresse" (1984 - Le Seuil), et de Cette exigeante liberté (1997 - Archipel).

Une cérémonie, proposée par Jacques Chirac au mari de la défunte, aura lieu aux Invalides pour son inhumation, à une date qui sera rapidement déterminée. Jacques Chirac a exprimé jeudi sa "tristesse" et son "émotion", déplorant une "grande perte pour la France".