Communiqué du 13 décembre 2006

 

Il y a trois types de candidats… et Nicolas !

 

Libres propos

d'Alexis Toulet

 

  1. Ceux qui proposent de continuer la politique définie il y a une génération, qui a mené la France dans la situation que l’on sait. Ils veulent laisser la politique sur pilotage automatique, ils refusent ou n’envisagent même pas de changer les choix structurants du fédéralisme européen, de la perte de souveraineté monétaire, législative et fiscale, du libre-échangisme, de la dérégulation et des privatisations.

Certains veulent poursuivre encore plus loin et plus vite la marche forcée, d’autres sont plus prudents

Certains agrémentent leur discours de tonalités « sociales », d’autres de tonalités « libérales »

Certains croient vraiment que la politique suivie est la meilleure possible (c’est ainsi que Bayrou est un européiste convaincu), d’autres pensent simplement qu’elle est inévitable et que mieux vaut suivre le mouvement en tentant de passer entre les gouttes

Certains mentent effrontément quant à la politique qu’ils mèneraient une fois élus, d’autres sont plus francs (Sarkozy annonçant la ratification sans référendum d’un TCE à peine modifié)

Certains font semblant de vouloir modifier tel ou tel des paramètres du pilote automatique, par exemple la politique monétaire de la BCE ou le taux de TVA pour telle catégorie de services… en se gardant bien d’expliquer comment ils mèneraient cette épreuve de force ! La ficelle est bien usée, mais après tout « les promesses n’engagent que ceux qui les croient », alors pourquoi se priver ?

Tous ont en commun d’accepter de maintenir les choix structurants fondamentaux de la politique française, qui furent définis lors du mandat de Valéry Giscard d’Estaing, confirmés et amplifiés par François Mitterrand et n’ont pas varié depuis.

 

  1. Les candidats de la colère et de la démagogie, qui manient provocations et propositions irréalistes d’une façon à l’évidence irresponsable, sans chercher à définir un projet pour la France. Qu’ils se placent à l’extrême droite ou à l’extrême gauche, ils offrent avant tout aux Français écœurés et furieux le moyen de faire un bras d’honneur à leur classe politique.

Ainsi, le citoyen qui refuse de simplement se taire dans l’abstention est incité à stériliser sa voix par un vote de simple colère. Comme ni un Le Pen ni un Besancenot ne passeront jamais l’épreuve du second tour, leurs campagnes permettent de renforcer les partis du pilotage automatique en fixant les voix contestataires, évitant le risque qu’elles ne concourent à faire émerger des candidats ou des partis d’alternative, qui proposeraient un nouveau projet pour le pays.

Les politiciens extrémistes sont récompensés de leur collaboration par de solides baronnies, l’attention effrayée des bien-pensants et le plaisir infantile de faire l’important ou de ruminer des théories discréditées sans exercer jamais aucune responsabilité.

N’ont-ils pas bien mérité du système en place ?

 

  1. Les candidats conscients de la situation de la France et des conséquences de plus en plus terribles du pilotage automatique, qui ne s’abandonnent pas à la passivité mais croient encore possible de rassembler les Français sur un projet de relèvement du pays.

Ils se distinguent des démagogues et des extrémistes par leur sens du concret, leur mépris de la facilité et de l’irresponsabilité.

Ils se distinguent des pilotes automatiques par leur lucidité et leur absence de préjugé. Ils se distinguent également de la plupart d’entre eux par leur mépris du mensonge. Le critère en est simple : si quelqu’un prétend pouvoir changer les choix déjà fixés dans les traités européens, sans suspendre l’exécution de ces traités, de façon unilatérale si nécessaire, celui-là ment.

Ainsi, qui prétend changer la politique monétaire de la BCE, laquelle est définie par un traité que seule l’unanimité des pays européens pourrait modifier, sans préciser qu’en cas de refus la France devra suspendre unilatéralement sa participation à l’euro, celui-là (ou celle-là) est un démagogue et un menteur.

De même, qui prétend changer le taux de TVA appliqué à la restauration, sans préciser qu’en cas de refus de Bruxelles la France changera ce taux pour elle-même en suspendant les clauses concernées des traités européens, celui-là ment effrontément.

Et encore, qui prétend maintenir un service public de l’énergie sans préciser que les décisions de Bruxelles en sens contraire seront systématiquement bloquées par la France, après suspension des traités européens déjà signés, celui-là est un menteur.

Ces candidats de projet étaient encore il y a peu au nombre de trois, de sensibilité de gauche (Jean-Pierre Chevènement), gaulliste (Nicolas Dupont-Aignan) et conservatrice (Philippe de Villiers)

Le recentrage de la campagne de Philippe de Villiers autour de l’obsession d’un danger islamiste fort exagéré et de la volonté de stopper entièrement l’immigration, joint à un certain nombre de propositions irréalistes (Légion étrangère dans les banlieues, interdiction du foulard dans la rue), alors que le projet porté par ce candidat reste largement évanescent, font malheureusement sortir Philippe de Villiers de la liste des véritables candidats de projet, du moins pour l’instant.

L’abandon en rase campagne de Jean-Pierre Chevènement laisse les Français de sensibilité de gauche orphelins d’une échappatoire à l’alternative entre alignement sur la politique unique (sous habillage socialiste) et tentation extrémiste-nihiliste.

Nicolas Dupont-Aignan quant à lui continue à porter son projet pour la France, après avoir réussi la gageure de faire vivre un véritable courant gaulliste à l’intérieur même de l’UMP. Son espace politique, déjà non négligeable, deviendra à brève échéance un véritable boulevard, dès que la tentative pseudo-gaulliste Alliot-Marie se sera révélé un simple faire-valoir à la désignation de Sarkozy comme candidat de l’UMP et que l’effondrement du dit candidat des médias commencera à se confirmer. Dupont-Aignan profitera également probablement de la désaffection de certains chevènementistes, sans compter la possible usure de Le Pen comme stérilisateur des voix protestataires : une campagne électorale n’est jamais écrite d’avance, et il est tout à fait possible que de nombreux Français se déprennent de la facilité de la colère, choisissant plutôt d’espérer.

 

… Dupont-Aignan  !