Retour

 



Communiqué du 11 août 2006

 

L’avenir du service public de l’énergie sur le fil

 

On aurait pu croire, après la crise du CPE et la loi liberticide sur Internet et le droit d'auteur, à moins d’un an des élections présidentielles et législatives, que le gouvernement renoncerait à la surenchère dans les réformes discutables et précipitées.

Hélas, il n’en est rien, comme en atteste son entêtement à privatiser l’un de nos plus beaux services publics, Gaz de France. Alors qu’il n’a pas levé le petit doigt pour empêcher le « casse du siècle » de Mittal sur notre sidérurgiste Arcelor, qu’il a cédé à vil prix nos sociétés d’autoroutes pour sauver les apparences budgétaires et faire ainsi plaisir à Bruxelles, le voilà maintenant qui s’acharne à démanteler l’indépendance énergétique du pays, comme s’il voulait ruiner les chances de la majorité en 2007 !

Je me bats depuis plusieurs années, chacun s’en souviendra, pour que notre pays maintienne un puissant service public de l’énergie, seul garant de tarifs compétitifs pour les entreprises et les particuliers, de l’égalité d’accès sur tout le territoire, de la continuité et de la sécurité d’approvisionnement et de l’avenir de notre industrie électronucléaire, c'est-à-dire de notre indépendance. A l’instar des autoroutes, EDF / GDF était une grande réussite française de l’après-guerre dont rien ne justifiait, du point de vue de l’intérêt général, la disparition. Mais non, c’eût été trop simple, il fallait de toute urgence remettre en cause ce qui marche ! Et tant pis si les Français, et avec eux leurs élus au Parlement, s’y opposent massivement !

L’incohérence et l’inconséquence du projet de fusion Suez / GDF a déjà fait coulé beaucoup d’encre et il le fera encore jusqu’au débat parlementaire du 7 septembre prochain, où je me battrai de toutes mes forces pour empêcher l’irréparable.

Je soulignerai ici deux points fondamentaux qui, me semble-t-il, ne sont pas souvent évoqués par les observateurs.

Tout d’abord, la fusion GDF / Suez signerait l’arrêt de mort de tout mariage entre EDF et GDF, que nous sommes très nombreux à réclamer depuis plusieurs années. Or, seul ce mariage empêcherait la dérive capitaliste de nos services publics de l’énergie, qui constitue en réalité, bien plus que le statut des deux entreprises comme feint de le croire Ségolène ROYAL, l’enjeu fondamental de la libéralisation imposée par Bruxelles. En effet, une fois abandonnée définitivement cette possibilité alternative, plus rien n’empêchera qu’EDF aligne inexorablement ses tarifs régulés sur ceux, bien plus élevés, du « marché libre » européen. EDF deviendra alors une entreprise comme une autre, uniquement animée par le souci de maximiser ses profits au détriment des consommateurs et de distribuer de juteux dividendes à ses actionnaires, notamment au premier d’entre eux… l’État, qui se créerait en catimini une sorte d’impôt caché sur le dos de la Nation ! Ainsi, la vraie victime de cette privatisation contraire à l’intérêt général serait le Pacte énergétique mis en place à la Libération par le général de Gaulle, qui assurait un partage juste de l’énergie entre toutes les composantes de la Nation. Ce serait une véritable spoliation de tous les Français au profit de l’État actionnaire jusqu’à ce que celui-ci, pour boucler ses fins de mois à l’instar des précédents des autoroutes ou d’ADP (Aéroport de Paris), décide de vendre sa participation au plus offrant.

Second point, politique celui-là, il est indispensable que cesse l’hypocrisie ambiante qui a cours dans la classe politique et qui entretient la confusion dans l’esprit de nos concitoyens. Le PS et les ténors de l’UMP qui avaient soutenu en 2002 la libéralisation du marché français de l’énergie devraient baisser d’un ton dans leur critique contre les effets de cette politique, dont ils sont coresponsables. Comment pouvaient-ils ignorer que l’ouverture à la concurrence allait se traduire par un alignement par le haut des tarifs d’EDF et GDF ? Ce double langage doit être dénoncé et je le dénoncerai. Quant à la majorité, sans se soucier de la démagogie hypocrite du PS, elle sera placée en septembre devant une responsabilité historique : il lui faudra rejeter le projet du gouvernement et voter au contraire une proposition de loi instaurant définitivement en France le principe de tarifs modiques et régulés. Si elle ne le fait pas, les Français s’en souviendront 8 mois plus tard, au risque d’en récompenser de manière totalement imméritée les socialistes ! A cet égard, il faudra que Nicolas SARKOZY sorte lui aussi du double langage. De deux choses l’une : soit il laisse faire et il reniera son engagement, solennellement donné devant le Parlement il y a deux ans. Soit il tient sa parole et devra alors mettre toutes ses forces dans la balance pour que le Parlement rejette le projet du gouvernement.

Pour ma part, je continuerai à défendre inlassablement l’avenir de notre service public de l’énergie, garant du maintien de tarifs régulés au bénéfice de chaque Français et du développement économique de notre pays. Je m’opposerai donc par tous les moyens à la fusion Suez / GDF, fondamentalement contraire à l’intérêt de la France, ainsi que le démontrera l’argumentaire précis que je publierai très bientôt à ce sujet.