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Communiqué du 11 juillet 2006

 

Discrimination positive : Sarkozy = Royal !!! UMP = PS !!!

 

Observatoire du communautarisme

www.communautarisme.net

 

Sophia Chikirou : « A quoi bon jouer le jeu de l'intégration républicaine si nous devons être écartés au profit d'autres qui font ouvertement le choix du communautarisme ? »

 

  • Sophia Chikirou, candidate à l'investiture socialiste dans la 21ème circonscription de Paris, répond dans cet entretien exclusif aux questions de l'Observatoire du communautarisme. Soutenue par deux courants lui permettant d'imaginer un vote favorable des militants de sa section, elle se voit peut-être écartée au profit de George Pau Langevin, candidate étiquetée "représentante de la communauté ultra-marine" par le maire de Paris Bertrand Delanoë et la direction du parti socialiste.

 


 

Observatoire du communautarisme : Pouvez-vous, pour le lecteur profane, rappeler les termes de la polémique qui secoue le Parti socialiste concernant la désignation du candidat ou législatives de 2007 pour la 21ème circonscription de Paris ?

Sophia Chikirou : Alors que la Convention nationale du PS, réunie le 1er juillet 2006, a décidé d'organiser un vote pour départager les candidates sur la 21e circonscription au mois de septembre, François Hollande suspend cette décision suite à la demande de Bertrand Delanoë, Maire de Paris, et de Victorin Lurel, Député de Guadeloupe, de désigner, sans vote, la candidate George Pau Langevin. Le problème que cela me pose est double : d'abord, je suis écartée de la candidature pour des raisons qui ne sont pas politiques mais ethniques, ensuite, on emploie à mon encontre des méthodes anti-démocratiques. En effet, alors qu'il semblerait que la réalité locale me soit plutôt favorable, la candidate Pau Langevin serait désignée afin de répondre aux attentes de la communauté antillaise vivant à Paris. Je reprends là les arguments développés par Delanoë, Harlem Désir et Victorin Lurel lors du Bureau National du 4 juillet 2006.

OC : Quelle est votre position concernant la discrimination positive ? et en particulier concernant la parité ?

SC : Je n'ai pas attendue de voir ce que peut déclencher le recours à la méthode des quotas pour m'opposer à la discrimination positive. Je considère qu'elle est non seulement contraire au principe d'égalité mais aussi qu'elle est indigne pour la personne humaine. De plus, elle ouvre la voie à des rivalités inter-communautaires dangereuses. Pour ce qui est de la parité, lorsque j'ai adhéré pour la première fois au PS en 1997 en plein débat sur la loi sur la parité, j'y étais opposée pour les mêmes raisons que la discrimination positive. Elle est depuis inscrite dans la loi et doit donc être respectée. Mais j'insiste pour rappeler que je n'ai jamais demandé à bénéficier de telles mesures : je suis candidate sur une circonscription réservée femme uniquement parce que c'est là que j'habite et milite mais en aucun cas je n'ai demandé cette réservation. Et je ne demande pas à être désignée par la direction socialiste sur la 21e mais je demande la tenue d'un vote des militants pour qu'ils choisissent leur candidate.

OC : Quelle est la justification avancée par les partisans de la discrimination positive - frauduleusement cachée sous le cache-sexe de la "diversité"- au sein du PS ?

SC : Je reconnais qu'il y a un problème de représentation politique de la diversité de la société française. Ce problème ne porte pas seulement sur la couleur ou l'origine ethnique des députés mais aussi sur leur milieu social d'origine ! Une meilleure représentation politique est un des éléments pour regagner la confiance des Français en l'action politique. Au PS, de façon quelque peu précipitée, la direction a choisi d'avoir recours aux quotas pour imposer la diversité en réservant une dizaine de circonscriptions à des candidats noirs et arabes. Par cette méthode, elle a provoqué des rivalités entre militants « gaulois » (certains ont dénoncé le racisme anti-blanc) et les autres puis au sein de la diversité, entre militants « blacks » et « beurs » ! Le pire est qu'elle s'est servie des prétextes de la parité et de la diversité pour éliminer des candidats appartenant à des sensibilités politiques minoritaires pour imposer des candidats proches de la sensibilité majoritaire. Ainsi, elle écarte une militante d'origine antillaise mais fabiusienne au profit d'un militant beur proche de François Hollande !

OC : La nouvelle de votre potentielle "éviction" a suscité l'intérêt de médias communautaires kabyles (vous êtes en effet originaire de la Kabylie) : les avez-vous vous-mêmes sollicités ? et sinon, quelles réflexions cela vous inspire-t-il ?

SC : Un des combats que je mène depuis l'adolescence est en faveur de la reconnaissance de l'identité et de la langue berbère. Ce combat me tient à cœur mais j'ai toujours veillé à ne pas mêler cet engagement associatif à mon militantisme au PS. Le mouvement berbériste est très fort en Kabylie où il s'oppose aussi bien au régime en place qu'aux intégristes islamistes. Il a payé très cher cette opposition avec l'assassinat de nombreux militants par les islamistes (Lounes Matoub, chantre de ce combat fut tué en 1998) et par l'armée algérienne (en 2001, la révolte kabyle fit plus de 120 morts). J'appartiens à l'Association de Culture Berbère de Paris et je suis Secrétaire Générale de la CABIL (Coordination des associations berbères pour l'intégration et la laïcité). Ma candidature à l'investiture interne pour les élections législatives a suscité beaucoup d'intérêt et mon éviction pour des raisons liées à l'origine ethnique est très mal vécue par les Kabyles. Alors que nous sommes très attachés aux valeurs républicaines, que nous avons refusé de constituer un lobby communautaire pour peser lors de ces investitures, à travers moi, c'est la question de l'intégration républicaine qui est remise en cause : la question qui est posée est « à quoi bon jouer le jeu de l'intégration républicaine si nous devons être écartés au profit d'autres qui font ouvertement le choix du communautarisme ? »

OC : Quel rôle joue spécifiquement Bertrand Delanoë dans cette affaire ?

SC : Le maire de Paris s'était engagé au début du processus d'investiture à Paris à ne pas interférer dans les affaires législatives. Ce n'est qu'après le résultat de la Convention nationale du 1er juillet qu'il a manifesté son soutien à George Pau Langevin – qui travaille pour lui – arguant de la vive émotion de la communauté antillaise parisienne. J'ignore s'il la soutient uniquement pour des raisons électoralistes ou s'il souhaite par la même empêcher la désignation par le vote des militants d'une candidate fabiusienne. Une chose est certaine, Delanoë choisit délibérément de créer une crise sans précédent au sein de la gauche parisienne.

 

Lundi 10 Juillet 2006


  • NDLR (gaullisme.fr) : La discrimination positive est une doctrine communautariste, donc anti-républicaine, partagée par Le PS et l’UMP.