Globalement,
j'apprécie le journal "Marianne" ; bien souvent je me suis
retrouvé dans les idées exprimées. Mais à
vouloir trop démontrer, c'est l'effet inverse qui risque de se
produire.
Le
dernier édito de Maurice Szafran (Marianne
n° 523),
directeur de mon hebdo préféré, pilonne allègrement contre
Nicolas Sarkozy. Et il s'emballe jusqu'à identifier une majorité
virtuelle allant des gauches-socialistes aux gaullistes
authentiques.
"Le
front commun, que Marianne a toujours appelé de ses vœux, des
gauches socialistes, de la sociale-démocratie, du
social-libéralisme, du christianisme social et du gaullisme
authentique est donc -virtuellement - majoritaire"
précise-t-il.
Rendons-lui grâce ! Il a bien raison de distinguer les
gaullistes authentiques, dont je m'honore de faire partie, des
autres que l'on peut sans trop de risques qualifier de
gaullistes "alimentaires" tant il est vrai que leurs intérêts
personnels ou ceux de leur faction passent avant ceux de notre "cher et vieux pays".
De là à
penser que les gaullistes authentiques pourraient revendiquer,
comme Maurice Szafran le suggère :
- la
proportionnelle pour la désignation des députés pouvant
déboucher sur
une majorité introuvable ;
- l'élection du Sénat au suffrage universel mettant ainsi deux
chambres parlementaires sur un même niveau de légitimité, avec
le risque évident de crise institutionnelle en cas d'opposition
;
- la
suppression de l'article 49.3 qui permet pourtant, dans l'état actuel de
notre constitution et pour certaines situations délicates, à
l'exécutif de fonctionner et de réagir ;
- le
droit de vote, même limité, à des étrangers, alors que
l'expression politique par les urnes doit rester une prérogative
de ceux qui ont, directement ou non, la nationalité française ;
…il y a
un gouffre que Maurice Szafran franchit naïvement.
Dans ce
cas, sa majorité virtuelle le restera, car les gaullistes
authentiques le sont jusqu'au bout des ongles et ne peuvent
le suivre sur ce chemin qui ne veut rien dire et qui ne mène à
rien.
On ne
bâtit pas une majorité solide en fédérant le "contre". C'est une
règle du gaullisme ; peut-être la plus fondamentale !
Mais il y
a un point sur lequel le directeur de Marianne reste muet :
l'Europe.
Quelle
Europe voulons-nous ? Les gaullistes authentiques répondent,
clairement : ni celle de Ségolène Royal, ni celle de François
Bayrou, ni celle de Nicolas Sarkozy. Les gaullistes authentiques
ne sont pas anti-européens : ils sont favorables à une Europe
des Nations. L'indépendance de la France ne se négocie pas, elle
s'impose.
Alors,
Monsieur Szafran, cette majorité virtuelle ! Quel est son programme compatible
avec le gaullisme authentique ?
Les gaullistes ne
sauraient être les supplétifs de la gauche socialiste. |