« Pas
d’anchois, mais 15 millions d’euros ».
C’est sous ce titre révélateur que Le Figaro publia le 19 juillet 2007,
l’interdiction que venait de prononcer la Commission européenne ; aux
pêcheurs français du golfe de Gascogne de pêcher l’anchois. En
contrepartie, les fonctionnaires de la Commission européenne ont, comme
à leur habitude, décidé de dépenser de l’argent pour empêcher ces
pauvres pêcheurs d’en gagner: ils bénéficieront d'un plan de soutien
(15 millions d'euros).
Pour tenter de compenser l'impact économique et social de la fermeture
de la pêche, alors que la profession est déjà très touchée, Bruxelles et
Paris avaient annoncé la veille l'octroi de cette subvention qui
proviendrait de « crédits nationaux et européens ». Nul n’a précisé à
Paris, ni Bruxelles la répartition qui sera faites entre les concours
nationaux qui seraient prélevés sur l’argent des Français et
accroitraient le déficit budgétaire et l’apport des fonds de l'Union
gérés de manière quasiment discrétionnaire par la Commission.
Pourtant, on sait que les bancs d’anchois demeurent suffisants pour
assurer la reproduction de l’espèce dans le golfe de Gascogne ; nul
n'ignore qu’il était possible d’obliger les pêcheurs à pêcher plus loin
en mer afin de permettre en tout état de cause, aux bancs proches du
rivage de se reconstituer si les fonctionnaires souhaitaient adopter une
attitude très prudente. On sait également que le nouveau ministre de la
pêche français, M Michel Barnier, avait assuré les pêcheurs de son
soutien une semaine plus tôt.
Il n’en fit rien. Cet ancien commissaire européen qui connaît donc bien
ces questions, ce ministre qui avait défendu le renforcement des
pouvoirs de la Commission en préconisant l’adoption du Traité qui était
destiné à établir une Constitution pour l'Europe, retrouva les accents
de l’ancien commissaire aux régions qu’il avait été. Il expliqua le 19
juillet à 12:40 sur la 3ème chaîne de télévision les raisons
de la décision de la Commission :
1. « La pêche est une politique communautaire »
(ndlr :c'est-à-dire une politique dont les gouvernements sont dépossédés
et qui est conduites par les instances fédérales européennes (16) qui
n’ont en ces matières aucun compte à rendre à personne ;
2. Il précisa donc qu’il avait simplement « relayé » à Bruxelles les
préoccupations des pêcheurs français dont il venait de se voir confier
la charge. Le choix du mot « relayer » fit bien apparaître aux yeux des
téléspectateurs qu’il n’avait au contraire de ses promesses une semaine
plus tôt, pas défendu les exigences, ni les contre-propositions des
pêcheurs français. Le ministre français avait été de son propre aveu, un
relais, une courroie de transmission des doléances de ses compatriotes
puisque le gouvernement était en réalité dessaisi de cette compétence
par l’organisation fédérale de l’Europe (16). Il précisa en outre que le
Président de la République et le Premier Ministre français (c’est M
Fillon) étaient également intervenus français auprès de M Barroso
(l’inflexible Président de la Commission qui prétend toujours défendre
la culture du compromis quand il ne peut décider seul) et que cela
n’avait pas permis de modifier la décision prise par les fonctionnaires
européens puisque cette politique est communautaire (*).
3.
Il est donc compréhensible qu’il déclare simplement comme s'il
s'agissait d'un simple constat : « la pêche est interrompue ». Il
le déclara comme s’il était encore un commissaire ou un porte-parole de
la Commission, puisque « la
pêche est une politique communautaire » ;
4.
Et c’est sur le même ton du constat qu’il précisa : « nous allons
aider comme pour du chômage obligé ». C’est en effet ce qui venait
d’être décidé par les fonctionnaires de la Commission : créer du chômage
obligé. Les représentants de la profession interrogés par les
journalistes de FR 3 déplorèrent en effet que la moitié de la flottille
du Golfe serait détruite ; autant d’emplois sacrifiés et de drames
familiaux provoqués par cette «politique
communautaire ».
5.
Se souvenant que M Barnier avait déclaré deux ans plus tôt en qualité de
Ministre des Affaires Etrangères qu’il n’y avait pas de plan alternatif
au traité constitutionnel européen, le présentateur du journal télévisé
demanda au ministre de la pêche s’il était envisagé d’établir un plan B
pour préserver la pêche à l'anchois dans cette région de notre cher
pays. M Barnier déclara sans surprise –et sans doute était-il irrité des
souvenirs déplaisants pour lui du Traité qui était destiné à établir une
Constitution pour l'Europe- qu’il n’y aurait pas de plan B pour les
pêcheurs français non plus. On en connaît le motif : cela résulte du
fait que « la
pêche est une politique communautaire »
(*). |