(Cette déclaration a été votée à l'unanimité par les membres de
l'Académie française dans sa séance du 12 juin 2008).
Depuis
plus de cinq siècles, la langue française a forgé la France. Par un
juste retour, notre Constitution a, dans son article 2, reconnu cette
évidence : « La langue de la République est le français ».
Or, le 22 mai dernier, les députés ont voté un
texte dont les conséquences portent atteinte à l’identité nationale. Ils
ont souhaité que soit ajoutée dans la Constitution, à l’article 1er,
dont la première phrase commence par les mots : « La France est une
République indivisible, laïque, démocratique et sociale », une phrase
terminale : « Les langues régionales appartiennent à son patrimoine ».
Les langues régionales appartiennent à notre
patrimoine culturel et social. Qui en doute ? Elles expriment des
réalités et des sensibilités qui participent à la richesse de notre
Nation. Mais pourquoi cette apparition soudaine dans la Constitution ?
Le droit ne décrit pas, il engage. Surtout
lorsqu’il s’agit du droit des droits, la Constitution.
Au surplus, il nous paraît que placer les langues
régionales de France avant la langue de la République est un défi à la
simple logique, un déni de la République, une confusion du principe
constitutif de la Nation et de l’objet d'une politique.
Les conséquences du texte voté par l'Assemblée
sont graves. Elles mettent en cause, notamment, l’accès égal de tous à
l'Administration et à la Justice. L'Académie française, qui a reçu le
mandat de veiller à la langue française dans son usage et son
rayonnement, en appelle à la Représentation nationale. Elle demande le
retrait de ce texte dont les excellentes intentions peuvent et doivent
s'exprimer ailleurs, mais qui n'a pas sa place dans la Constitution. |