15 mars
2009

 

La France dans le commandement militaire intégré de  l'OTAN : de l'antigaullisme pur !

 

Les membres de l’Académie du Gaullisme, de même que tous les Gaullistes de conviction, ressentent comme une trahison l’annonce du retour de la France dans le commandement militaire intégré de l’Otan.

L’armée française, à commencer par ses chefs, n’est plus l’armée de la France. Elle ne retourne pas à l’Otan, à laquelle en fait elle n’a jamais cessé de fournir ses contingents. Par ce nouvel abandon de souveraineté, elle rompt dangereusement les liens qui l’unissent à la Nation et qui sont la condition première de toute défense nationale. L’abandon de la langue française au profit de l’anglo-américain symbolise ce passage du statut d’armée nationale à celui de troupe supplétive d’un État étranger. C’est la cohésion nationale qui est mise en jeu, comme le montrent les nombreuses oppositions de tous bords qui se manifestent.

C’est par ailleurs une dangereuse illusion de croire que ce retour va permettre à notre pays de peser davantage sur la stratégie de l’organisation, dont la définition et la mise en œuvre resteront, en tout état de cause, du seul ressort des États-Unis. L’offre en trompe-l'œil de confier à un général français le commandement « suprême » allié, chargé de la transformation des forces de l’Otan, basé à Norfolk (Virginie), constitue le piège majeur de l’opération. Au moment où la réflexion stratégique française connaît un renouveau fécond qui n’est pas sans influence positive sur la conduite des opérations menées par l’organisation, les responsables des forces françaises se font les otages du complexe militaro-industriel américain dont un des objectifs majeurs est d’imposer des systèmes d’armes inutilement hyper sophistiqués sous prétexte d’interopérabilité totale (c’est un des objets de la « transformation ») avec, pour but ultime, l’élimination des industries d’armement étrangères, et en premier lieu les européennes.

Prisonnière du « nouveau » concept stratégique de l’Otan, dont elle sera ainsi réputée être à l’origine de la conception, la France ne pourra échapper à sa mise en œuvre ; avec tous les risques de complicité de crimes de guerre qui découleront de l’application de la doctrine de la guerre totale à laquelle les Américains ne renonceront jamais. Rentrant dans le rang sous le regard quelque peu méprisant de ses partenaires européens, renonçant de fait à une défense européenne à laquelle elle était pourtant attachée, la France va devoir faire preuve d’une soumission sans retour. Non seulement elle ne s’opposera plus, quels que soient ses intérêts spécifiques en jeu, mais, en fidèle courtisane, elle ira au devant des demandes de la puissance dominante.

C’est inacceptable ! C’est une faute majeure et un reniement complet de la politique d’indépendance nationale de notre pays telle que mise en place voici plus de quarante ans par le Général de Gaulle.

 Pendant 43 ans, de Gaulle a eu tort !

"Les absents ont toujours tort". C'est ainsi que Nicolas Sarkozy explique le retour de la France dans le commandement intégré de l'Otan. Il est aussitôt relayé par François Régis Hutin, patron d'Ouest-France, premier quotidien de l'hexagone, qui, une fois de plus, défend hardiment la politique atlantiste de l'actuel Président de la République.

"Les absents ont toujours tort", titre de son éditorial, sonne comme le glas ; celui de la politique d'indépendance nationale mise en œuvre par le général de Gaulle, il y a un demi-siècle.

Les Américains s'en réjouissent ; c'est une condamnation sans détour de la décision prise par le Général en 1966.

Ceux des gaullistes (!?) éparpillés dans les rangs de l'UMP qui croient encore à la filiation de Nicolas Sarkozy au gaullisme en sont pour leurs frais. Mais il est vrai aussi qu'ils ont besoin de l'investiture sarkozyste pour les prochaines échéances électorales.

C'est pourquoi le silence sera de rigueur. Ils préfèrent la soupe à la France. Et ils ont tort !

Alain Kerhervé