A la reconquête du peuple français !

21/06/2002

Q - Alors, comment peut-on interpréter ces élections ? Comment expliquer le nouveau désengagement des citoyens français ?

R - Ce second tour des élections législatives apporte une première confirmation importante. L’abstention établit un nouveau record. Chacun pourra formuler un diagnostic, puis rédiger son ordonnance. Quant à nous, cette abstention s’alimente à 3 sources d’inégale importance :

· la méfiance envers un monde politique de plus en plus abstrait pour les Français,

· le rôle primordial du Président de la République qui, conformément à la constitution dont les Français apprécient à nouveau les fondements assurant, notamment, la stabilité gouvernementale, redevient le vecteur essentiel à toute l’action politique, rejetant en partie celui des députés à un statut secondaire,

· le refus de voter d’une partie infime des électeurs du Front National toujours opposée viscéralement à la constitution de la Vème République.

Q - Et maintenant que le président et son gouvernement ont les pouvoirs qu'ils demandaient – et par la même occasion, plus d'excuse pour échouer –, quelles sont nos perspectives ?

R - Chirac et son gouvernement ont 5 ans pour mettre en œuvre leur politique. Ils bénéficient des pouvoirs exécutifs et législatifs. Ils devront néanmoins se méfier : la gauche multiple et les extrêmes, tant de droite que de gauche, ont l’intention de porter le « débat » dans la rue, au mépris de toute démocratie.

Objectif-France sera particulièrement attentif à deux points qui nous semblent primordiaux :

· La fédération des Etats-Nations, projet européen du Chef de l’État, doit être précisée car personne n’est en mesure, aujourd’hui, de discerner ses réels contours et axes d évolution. En tout état de cause, les Français attendent que nous recouvrions la maîtrise de notre destin. L’Europe ne pourra pas tout justifier[1].

· L’État doit être rénové. Pour être mieux respecté, il doit donner à la Nation des orientations claires définissant l’avenir de la France dans les domaines majeurs : défense, sécurité, justice, solidarité, … Mais la plus grave erreur serait, comme le souhaite fermement l’aile libérale de la majorité présidentielle, un désengagement fort de l’État dans le domaine économique et social.

Q - Peut-on faire un point sur le nouvel équilibre des forces, au sein d'une Assemblée désormais "bleu azur" ?

R -

Le Parti Communiste.

22 députés élus, plus sur leur enracinement local que sur les idées, mais élus tout de même. L’on pouvait espérer mieux : la disparition du dernier embryon de cette dictature d’un autre age.

Seule consolation : Robert Hue, patron du PC, est battu sur ses terres par le candidat UMP.

Le Parti Socialiste.

Deuxième formation politique derrière l’U.M.P. avec 140 rescapés, une période de remise en cause et de rénovation s’impose à ses responsables. Notons, en plus de cette déroute globale, l’élimination de certaines personnalités : la plus médiatique, Martine Aubry, Maire de Lille et ex-madame 35 heures, a cédé face au jeune représentant de l’U.M.P..

A l’Assemblée, les députés PS auront le renfort des quelques Divers Gauches (11) et des 3 députés Verts, parmi lesquels ne figure plus Dominique Voynet. Pour ce qui concerne ces derniers, il est évident que le positionnement très extrémiste et anti-nucléaire a été un repoussoir pour des électeurs majoritairement attachés à l’indépendance énergétique de la France.

Le pôle Républicain.

L’espoir qu’avait fait naître la candidature de JP. Chevènement à la présidentielle est mort. Faute d’avoir su se positionner jusqu’au bout au-dessus des partis traditionnels et voulu à nouveau « fricoter » avec la gauche, le pôle républicain disparaît corps et âme, entraînant avec lui le MDC (Mouvement des Citoyens) et G. Sarre. Quel gâchis !

L’U.M.P. (Union de la Majorité Présidentielle) rafle la mise. Sa majorité absolue est un atout pour Jacques Chirac à la condition que chacun des élus participe directement à la mise en œuvre du projet présidentiel. Il en va de même pour les députés UDF dont l’existence au Palais Bourbon en tant que force politique autonome a été, faut-il le rappeler, consenti par Alain JUPPÉ qui brigue, en toute logique, la présidence du nouveau parti Chiraquien.

Si l’U.M.P. a réussi son baptême, il lui faut maintenant asseoir son avenir. Afin d’assurer une expression réelle de ses membres, expression indispensable à son audience auprès des Français et à sa vie interne, l’U.M.P. (et non son groupe parlementaire) doit s’organiser en courants parmi lesquels les gaullistes de conviction auront toute notre sympathie.

Alain KERHERVE

[1] Comme c’est le cas actuellement concernant la réduction du taux de la TVA pour le secteur de la restauration !