Georges Thierry

d'Argenlieu

 (1889-1964)

 

 

  • La croix de la Libération, Paris, 1951

  • Souvenirs de Guerre : Juin 1940-Janvier 1941, Paris, 1973

  • Chroniques d’Indochine : 1945-1947, Albin Michel, Paris 1985  

 

Georges Thierry d’Argenlieu est né à Brest, le 7août 1889, fils du contrôleur général de la Marine Olivier Thierry d’Argenlieu, d’une famille picarde établie à Argenlieu, près d’Avrechy, dans l’Oise. Il est le troisième fils d’une famille de six enfants qui tous seront militaires ou/et entreront dans les ordres. Il entre à l’école Navale en 1906, en sort enseigne de vaisseau en 1909 et embarque en 1911 à bord du cuirassé Bouvet. En 1912, il participe à des opérations navales sur les côtes du Maroc à bord du croiseur Du Chayla.

Au cours de la première guerre mondiale, il sert à Toulon puis embarque à bord des torpilleurs Déhorter, D’Iberville et Eros qui patrouillent en Méditerranée. Lors d’une permission, en 1915, il entre en relation avec la Mère prieure du Carmel de Vienne et avec son confesseur, le père Crozier ; il fait un pèlerinage à Paray le Monial et lit les écrits de trois grandes figures du Carmel : Sainte Thérèse d’Avila, Saint Jean de la Croix et Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. En 1917, il est à l’état-major à Toulon et, en 1918, lieutenant de vaisseau, il commande le patrouilleur La Tourterelle. En 1919, il conduit à Haïfa les carmélites du Mont Carmel expulsées par les Turcs  et visite les lieux saints.

Il  démissionne de la Marine et, en 1920, prend l’habit et prononce ses vœux dans l’ordre des Carmes sous le nom de frère Louis de la Trinité. Il est ordonné prêtre en 1925 à Lille. En 1935, il est supérieur de la province Carme de Paris. Le 26 août 1939, il rejoint, comme lieutenant de vaisseau, le secteur de défense de Cherbourg. Le 19 juin 1940, capitaine de corvette, il est fait prisonnier mais s’évade le 22 juin et rejoint l’Angleterre par Jersey. Le 1er juillet 1940, en compagnie de l’amiral Muselier, il est reçu par le général de Gaulle qui le nomme chef d’état-major des Forces Navales Françaises Libres (FNFL). Lors de l’affaire de Dakar, il est capitaine de frégate, commandant la force des FNFL auprès de l’amiral britannique Cunningham qui commande la Force Navale M à bord du Westerland. Le 23 septembre 1940, le général de Gaulle, qui veut rallier l’Afrique Occidentale Française, l’envoie porter un courrier, mi-invite, mi-ultimatum, au gouverneur général Boisson, fidèle au gouvernement du maréchal Pétain et dont les troupes répliquent par des tirs et le blessent grièvement avant de repousser l’attaque conjuguée des FNFL et de la Force M. Par la suite, il commande les FNFL en Afrique Équatoriale Française. Promu capitaine de vaisseau, membre du Conseil de l’Empire, il est le premier chancelier de l’ordre de la Libération, le 29 janvier 1941. Du 7 mars au 11 mai 1941, il est en mission de propagande au Canada.

Nommé en août 1941 haut commissaire de France dans le Pacifique, il a pour mission de réduire les différends entre les divers administrateurs nommés par la « France Libre ». Promu contre-amiral, il dispose du croiseur léger Triomphant  et de l’aviso Chevreuil. Le débarquement des troupes américaines du général Patch, le 12 mars 1942, en Nouvelle Calédonie qui devient base arrière pour les opérations de lutte contre les Japonais est la source de divergences profondes avec le gouverneur de la France Libre, Henri Sautot, très populaire à Nouméa, qui s’était rallié au général de Gaulle dès le 20 juillet 1940.  Le 5 mai 1942, l’amiral Thierry d’Argenlieu embarque d’autorité Henri Sautot sur le Chevreuil et le débarque en Nouvelle Zélande, ce qui provoque de graves troubles en Nouvelle Calédonie : la milice civique du capitaine Dubois met provisoirement l’amiral en état d’arrestation.

Rappelé à Londres au début de l’année 1943, il devient commandant des FNFL en Grande Bretagne le 19 juillet 1943. Le 14 juin 1944, huit jours après le débarquement anglo-américain en Normandie, il conduit le général de Gaulle à bord de la Combattante vers les côtes françaises. Vice-amiral en décembre 1944, il est vice-président du conseil supérieur de la Marine et inspecteur général des forces maritimes. Il participe au printemps 1945, comme conseiller naval de la délégation française menée par Georges Bidault, à la conférence de San Francisco qui crée l’Organisation des Nations Unies.

Le 16 août 1945, lendemain de la capitulation japonaise, Georges Thierry d’Argenlieu est nommé, par le général de Gaulle, haut commissaire de France et commandant en chef en Indochine avec pour mission d’y rétablir l’ordre et la souveraineté française tandis que le général Leclerc est nommé commandant en chef du corps expéditionnaire en Extrême-Orient (il sera confirmé par les gouvernements Gouin, Bidault et Blum après le départ du général de Gaulle le 20 janvier 1946).

Le 6 septembre 1945, l’amiral d’Argenlieu part pour Saïgon et y arrive le 31 octobre ; il y retrouve le général Leclerc présent depuis le 5 octobre. Les deux hommes ne s’entendront pas et leur conflit conduira au départ du général Leclerc en juin 1946. Ils n’ont pas la même position sur l’opportunité et la nature des négociations avec Hô Chi Minh. D’Argenlieu n’accepte pas vraiment les accords Hô-Sainteny du 6 mars 1946. Ses entretiens avec Hô Chi Minh, le 24 mars 1946, à bord de l’Émile Bertin, en baie d’Along, en présence de Sainteny et Pignon, ne rapprochent pas les points de vue et sont l’occasion d’un incident violent avec Leclerc. En opposition aux accords du 6 mars 1946, il proclame une République de Cochinchine le 1er juin 1946, alors qu’Hô Chi Minh est parti en France accompagné par Raoul Salan.

Promu amiral le 6 juin 1946, il est rappelé en France le 5 mars 1947  par le nouveau président du conseil Ramadier qui nomme Émile Bollaert pour lui succéder.

Rentré en France, il se retire au couvent d’Avon mais reste chancelier de l’ordre de la Libération jusqu’au 15 février 1958. Il meurt le 7 septembre 1964 au carmel de Relecq- Kerhuon, près de Brest. Ses obsèques sont célébrées dans l’église d’Avrechy-Argenlieu en présence du général de Gaulle.

Grand-Croix de la légion d’honneur, compagnon de la Libération, titulaire de la médaille militaire, de la croix de guerre 1939-45 avec trois palmes et de la croix de guerre des T.O.E., l’amiral d’Argenlieu est l’auteur de trois ouvrages :