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Adolphe

Sylvestre

Félix Eboué
 

 1884 - 1944

 

 

Adolphe Sylvestre Félix Eboué né le 26 décembre 1884 à Cayenne était le quatrième fils d'une famille de cinq enfants. Son père Yves Urbain Eboué fut d'abord chercheur d'or sur le placer "Enfin" (Haute Mana) avant de finir directeur-adjoint du placer "Dieu Merci". Sa mère, Marie Joséphine Aurélie Leveillé, originaire de Roura remplaça les absences fréquentes et prolongées de son mari pour élever ses enfants. Mme Eboué possédait une connaissance pointue des traditions guyanaises en particulier des "dolos" (proverbes guyanais) qui émaillaient ses phrases.

Après de brillantes études à Cayenne, il obtient en 1898 une bourse d'étude pour la France et part à Bordeaux au Lycée Montaigne. A Bordeaux, en complément de ses études, Félix Eboué s'adonne au sport et particulièrement au football et devient capitaine des "Muguets" du lycée. Avec cette équipe il se déplace à Strasbourg, en Belgique et en Angleterre. Ces déplacements lui permettent d'étudier sur le vif le tempérament des joueurs et des habitants de la région. Les comptes rendus des journaux régionaux (Le Phare de Nantes, Le Populaire) enregistraient les succès de l'équipe bordelaise et rendaient avec détails, l'entrain et l'adresse d'un joueur noir de cette équipe auquel était due en grande partie la victoire. Sous les couleurs du SBUC et du Sporting Club Universitaire de France, il connaît les joies du stade. Il obtient à Bordeaux son baccalauréat es-lettres puis monte à Paris où il mène de front des études de droit et celles de l'École coloniale (d'où sort l'élite des administrateurs de la France d'Outre-Mer) et obtient en 1908 sa licence à la faculté de droit.

Elève-administrateur des colonies, puis administrateur-adjoint en 1910, Félix Eboué est affecté en Afrique Équatoriale Française (AEF). Il est nommé à Madagascar puis en Oubangui. Pour mieux asseoir son administration, il s'efforce d'apprendre les us et coutumes de ses administrés et bientôt, l'origine des manifestations auxquels se livrent périodiquement les natifs du pays (fêtes, cérémonies religieuses, danses, jeux) n'aura plus de secret pour lui. Il va même jusqu'à écrire et faire publier en 1918 une étude sur les langues Sango, Banda et Mandjia. Sa politique administrative basé sur l'épanouissement des valeurs humaines et sociales dans un cadre de concertation et de respect des traditions africaines est très appréciée et il est nommé en 1927 Chevalier de la Légion d'Honneur sur la proposition du Ministre de l'Instruction Publique.

Durant trois congés successifs, Félix Eboué revint en Guyane retrouvant avec plaisir sa famille et ses amis et partageant avec eux souvenirs et expériences africaines. C'est ainsi qu'il fit découvrir l'écrivain René Maran, guyanais comme lui, adjoint des Affaires Civiles en AEF, qui en 1921 reçut le prix Goncourt pour son roman Batouala. Au cours d'un de ses congés en Guyane (juin 1922), il épouse Eugénie Tell à Saint-Laurent. Sa mère meurt en 1926 rejoignant son père disparu des années avant.
Félix Eboué passe vingt années de service en Afrique-Équatoriale française qui lui permettront de donner sa mesure et de révéler ses qualités d'administrateur.

 Nommé en 1933 secrétaire général à la Martinique, Félix Eboué y remplace de juillet 1933 à janvier 1934 le gouverneur titulaire parti en congé pour deux ans. Après la Martinique, c'est le Soudan français et Félix Eboué est enfin élevé au rang de gouverneur et nommé à la Guadeloupe en 1936. C'était le premier noir qui accédait à un grade aussi élevé. En Guadeloupe, il met en pratique son esprit de conciliation dans un contexte social troublé C'est dans cette colonie, à l'occasion de la remise solennelle des prix le 1er juillet1937 au lycée Carnot de Pointe-à-Pître, qu'il adressa à la jeunesse d'Outre-Mer son célèbre discours "Jouer le Jeu" dont voici quelques extraits :

Devant la menace d'un futur conflit, il est nommé en 1938 gouverneur du Tchad, avec mission d'assurer la protection de la voie stratégique vers le Congo ; il fait construire les routes qui devaient permettre en janvier 1943 à la colonne Leclerc de remonter rapidement à travers le Tibesti vers l'Afrique du Nord. Dès le 18 juin 1940, Éboué se déclare partisan du Général De Gaulle. Le 26 août, à la mairie de Fort-Lamy, il proclame, avec le colonel Marchand Commandant Militaire du territoire, le ralliement officiel du Tchad au Général de Gaulle, donnant ainsi "le signal de redressement de l'empire tout entier". M. René Pléven, envoyé du Général de Gaulle assistait à cette proclamation. Le 15 octobre il reçoit De Gaulle à Fort-Lamy, qui va le nommer, le 12 novembre, gouverneur général de l'Afrique-Équatoriale française. Le 29 janvier 1941, il reçoit du Général de Gaulle la Croix de Libération. Eboué transforme l'AEF en une véritable plaque géostratégique d'où partent les premières forces armées de la France Libre, conduites par les généraux de Larminat, Koening et Leclerc.

Résidant à Brazzaville, il organise une armée de 40 000 hommes et accélère la production de guerre ; il peut enfin appliquer la politique indigène qu'il a eu le temps de mûrir au cours de sa longue carrière. À l'exemple de Lyautey, il souhaite que l'indigène puisse conserver ses traditions et pense que l'appui des chefs coutumiers est indispensable. Il combat pour l'insertion de la bourgeoisie indigène dans la gestion locale. Il consigne toutes ses idées dans son étude intitulée "La nouvelle politique indigène pour l'Afrique Équatoriale Française". La conférence des hauts dirigeants administratifs des territoires africains tenue à Brazzaville le 22 janvier 1944 retient la thèse d'Éboué sur l'assimilation, mais il ne verra pas la réalisation des projets. Fatigué, il part se reposer en Égypte, après avoir séjourné en Syrie. Il meurt au Caire le 17 mai 1944 d'une congestion cérébrale. Entouré de sa femme, de sa fille et de son fils cadet. La France, par la loi du 28 septembre 1948 ordonna que soient inhumés au Temple de l'Immortalité (le Panthéon), les restes du Premier Résistant de la France d'Outre-Mer.

La dépouille mortelle de Félix Eboué fut débarquée le 2 mai 1949 à Marseille qui lui fit un émouvant accueil. Le vendredi 20 mai 1949, après une cérémonie à l'Arc de Triomphe et une veillée funèbre aux côtés de Victor Shoelcher, il entra au sanctuaire de la Montagne Sainte-Geneviève.