10 avril.-----------------------------

A dix-sept jours du référendum, le Général a accordé un long entretien radiotélévisé à Michel Droit qui se faisait ce soir le porte-parole de l’opinion publique. Le référendum est-il anticonstitutionnel puisqu’il prévoit une réforme du Sénat ? Non, il est « la source des institutions de notre actuel régime », répondait-il rappelant que notre Constitution fut adoptée en 1958 par un référendum.

L’engagement personnel lui fait-il mettre son mandat en jeu ? « Il ne peut y avoir le moindre doute à ce sujet », dit le Général. «Quel homme serais-je si je prétendais me maintenir dérisoirement dans mes fonctions ?»

 

 

25 avril.-----------------------------

Au soir de sa dernière intervention télévisée avant le scrutin, où il se propose d’écrire « la dernière page du chapitre que, voici quelque trente ans, il a ouvert dans l’histoire », le général de Gaulle n’y croit plus. Quittant le palais de l’Elysée pour Colombey où il passera le week-end, il a confié à l’un de ses proches : « Les carottes sont cuites. » La veille, un sondage réalisé par la Sofres a, pour la première fois, annoncé la victoire du « non ».

 

 

La petite phrase du Général…

« C’est parce que nous ne sommes plus une grande puissance qu’il nous faut une grande politique, parce que, si nous n’avons pas une grande politique, comme nous ne sommes plus une grande puissance, nous ne serons plus rien. »

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28 avril 1969 : de Gaulle s’en va.                                                           Mis en ligne le 13 septembre 2006

Après 11 ans de règne ininterrompu, de Gaulle quitte le pouvoir. La veille, les Français ont voté « Non » à son dernier référendum. Une page de l’histoire est tournée. La place est libre pour Georges Pompidou.

 

Le départ du général de Gaulle a beau être attendu, le 28 avril 1969, la nouvelle fait l’effet d’une bombe. Du moins auprès de ceux qui sont encore éveillés. Il est 0 h 10, et la France dort déjà. Elle n’apprendra l’information qu’à son réveil.

Le communiqué venu de Colombey-les-deux-Eglises est laconique, bien dans la manière du Général : « Je cesse d’exercer mes fonctions de président de la République. Cette décision prend effet aujourd’hui à midi. » En dix sept mots, pas un de plus, une page d’histoire se tourne.

Tout a commencé trois mois plus tôt. En voyage officiel en Bretagne, de Gaulle attire partout des foules toujours imposantes malgré quels cris hostiles organisés à Rennes et Brest notamment. A Quimper, le 2 février 1969, créant la surprise, il annonce qu’un référendum sur la réforme des régions et la transformation du Sénat aura lieu au printemps.

La popularité du Général est au beau fixe, mais la double question posée par ce référendum ne suscite pas un véritable intérêt dans le pays. A l’Elysée, l’entourage même du président de la République a tout fait pour dissuader le Général de s’engager dans cette direction que rien n’impose. Mais de Gaulle a tranché ? Il ne reviendra pas dessus.

Très vite, les oppositions se manifestent. Le président du MRP Jean Lecanuet révèle le premier qu’il votera « non ». Un peu plus tard, Valéry Giscard d’Estaing fait de même. Le Conseil d’Etat a condamné le recours à la procédure du référendum. Le général de Gaulle met tout son poids dans la balance. Le 10 avril, lors d’une allocution télévisée, il prévient qu’une réponse négative signifiera son départ. La politique de la France ne se fera pas contre son peuple.

Le 27 avril, le verdict tombe : le « non » l’emporte par 52,41%. Le pays paraît interloqué par son audace : il a chassé de Gaulle. Est-ce si sûr ? Dans « Le Monde », Hubert Beuve-Méry voit « une sorte de suicide politique par un coup de roulette russe »*.

Le 15 juin suivant, au deuxième tour de l’élection présidentielle, de Gaulle a voté par procuration d’Irlande où il s’est retiré pour quelques jours avec son épouse. Comme pour souligner que cette élection ne le concernait plus. Georges Pompidou, son ancien premier Ministre pendant 6 ans lui succèdera après un duel inattendu avec Alain Poher, président centriste du Sénat et président de la République par intérim.

 


* Contrairement à cette hypothèse, il semble que le Général ait toujours inscrit dans ses projets la régionalisation et la réforme du Sénat.
Lire
le Discours sur la réforme régionale, Lyon, 24 mars 1968